Le Partenariat oriental (PO) est un accord d’association de l’UE avec des pays voisins, qui a été inauguré en 2009. Au début, l’idée était de développer la coopération de voisinage, mais cela s’est rapidement révélé insuffisant. D’un coté on prévoyait un partenariat avec la Lybie et l’Autorité palestinienne, de l’autre avec la Moldavie et l’Ukraine. Mais la France avait déjà créé l’organisation internationale et intergouvernementale d’Union pour la Méditerranée (UpM), qui a été enterrée par le Printemps arabe. En fin de compte, à l’initiative de la Pologne et de la Suède, l’UE a décidé d’inclure six anciennes républiques soviétiques dans le Partenariat oriental : l’Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie, la Moldavie et l'Ukraine. Ce programme a pour objectif de renforcer les liens politiques, économiques et culturels bilatéraux, de développer la convergence avec les politiques européennes, sans que l’UE s’engage de quelque manière que ce soit sur des projets concrets d’intégration. C’est pourquoi, le budget consacré à ce Partenariat n'a jamais été énorme. Nous avons demandé à Christian Viguénin, député socialiste et co-président de l’assemblée parlementaire « Partenariat oriental », de nous en dire plus sur l’évolution de ce projet.
« Je pense qu’au début, cette initiative était plutôt formelle, elle avait pour objectif de contrebalancer l’initiative UpM. Avec le temps, le PO est devenu un pilier essentiel pour le développement de la coopération entre ces pays et l’UE. Un exemple concret de l’efficacité de ce cadre, ce sont les accords d’association signés récemment avec la Moldavie, l’Ukraine et la Géorgie. Pour le moment, l’Arménie, la Biélorussie et l’Azerbaïdjan n’ont pas l’intention de signer ce genre d’accords. Avec le temps, des critiques sont apparues sur les mécanismes de fonctionnement du PO. Les ambitions des uns et des autres sont divergeantes et beaucoup pensent que la démarche envers les différents partenaires doit être aussi différente. Depuis un certain temps, le PO est considéré comme problématique par la Russie, surtout depuis l’inclusion de l’Ukraine. Le Kremlin y voit une menace pour ses intérêts économique dans la région. Lors de cette confrontation avec la Russie, l’UE a refusé que Moscou se constitue en partenaire tiers dans cette configuration. Bruxelles n’a pas su montrer la flexibilité nécessaire et l’Ukraine s’est retrouvée soumise à une double pression politique. Le PO a contribué aussi au développement des relations non seulement au niveau parlementaire, mais aussi au niveau du secteur non-gouvernemental. Récemment, à Riga de nouvelles priorités ont été retenues, comme la mobilité des personnes, le développement des relations économiques, par exemple dans le domaine de l’énergétique ».
Selon le professeur d’économie Nina Dyulgérova, le petit budget consacré au PO témoigne du rôle secondaire attribué à cette initiative.
« Au tout début, cette initiative avait reçu un financement record d’1 milliard 200 millions d’euros. Six mois plus tard, il est retombé à 900 millions d’euros et en 2011, le budget pour 5 ans et pour les six pays associés a chuté à 700 millions d’euros. En consultant les rapports sur la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine, on s’aperçoit que sur le plan économique, les retombées positives sont surtout pour les entreprises européennes et moins pour les pays partenaires. Cela est dû au fait que les élites politiques et économiques de ces pays ne voient rien de très concret dans ce partenariat et ne se sentent pas motivés pour travailler à développer la coopération avec l’UE ».
Nous avons aussi demandé à Dinko Dinkov, professeur à l’Université d’économie nationale et internationale, de nous donner son appréciation sur la conception et le fonctionnement du PO.
« L’initiative PO, née en 2009, était une sorte de riposte au projet de Forum de la mer Noire, appelé encore Synergie de la mer Noire, qui a été inauguré en 2007. Je crois qu’il y avait un sentiment de jalousie de la part de certains pays européens. La Pologne n’a pas aimé cette initiative et a voulu tourner l’attention vers autre chose. Je pense que ce n’était pas très correct, mais au sein de l’UE on essaye toujours de présenter un côté trop lisse de nos relations et de cacher les conflits. Je pense que le PO a clairement nuit aux intérêts bulgares, car ce nouveau focus a sapé notre initiative dans le bassin de la mer Noire. Avec cette dernière nous voulions attirer l’attention sur la région mer Noire, et la relier au reste de l’Europe dans une nouvelle perspective de politique maritime, ne serait-ce que sur le plan des investissements. Mais la politique de Bruxelles s’est révélée trop décentrée. Maintenant l’UE et la Russie essayent chacun de contrôler le groupe de pays dans le PO. Depuis le début, ce partenariat n’avait pas de focus bien défini et en fin de compte, tous les changements de politique ont amené à la détérioration des relations avec la Russie, ce qui met à l’épreuve la sécurité européenne ».
Version française : Miladina Monova
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