Chaque année, 100 à 150 citoyens bulgares se tournent vers les tribunaux dans un désir tout à fait légitime d’avoir accès à leurs origines personnelles et dans 90% ils se voient opposer un refus de la part de l’administration en charge de l’état civil. Tel est le constat fait par le Réseau national des enfants, une association qui regroupe plus de 100 ONG, qui pointe du doigt les lacunes de l’article 105 du Code civil, traitant de la levée du secret de l’adoption en cas de « circonstances exceptionnelles » seulement. Allez savoir ce qui se cache derrière la notion de circonstances exceptionnelles…

Récemment le réseau national des Enfants, l’Association bulgare des « Adoptés-Adoptants » et le Registre national sur Internet « Où es-tu ? » ont entamé une action, en collaboration avec le ministère de la Justice et avec le soutien de l’Ambassade de France en Bulgarie, pour faire la lumière sur le sujet et permettre, entre autres, à Mariana Taneberger, 31 ans, de faire des recherches pour trouver sa mère biologique. Mariana habite à Nürnberg, et elle a fait 1650 km pour assister au forum de Sofia :

„ J’ai eu un problème de réaction allergique à un produit d’entretien, et lorsque je suis allée à l’hôpital, on m’a demandé si c’était dans la famille. Je n’ai pas su quoi répondre, car j’ai été adoptée. Le médecin a été étonné que je n’aie pas cherchée à connaître ma mère biologique. Je lui ai expliqué que la procédure en Bulgarie était très complexe, et que l’adoption relevait du secret le plus absolu. Réaction du médecin : «  Et pourtant, la Bulgarie fait partie de l’Union européenne, non ? »

Mariana Taneberger est assistante sociale. Après la fin des travaux du forum, elle devra de nouveau faire 1650 km en voiture pour rentrer en Allemagne et aller travailler. Elle s’est donné la peine de venir en Bulgarie pour soutenir tous ceux qui demandent une modification de la législation concernant les adoptions. Car ils sont nombreux ceux qui veulent connaître leurs parents biologiques et qui malheureusement échouent face à des refus ou des dossiers vides… Et pourtant, chacun a le droit de savoir qui il est et d’où il vient, pour des raisons médicales, matrimoniales, ou autres… 

L’ambassadeur de France en Bulgarie, Xavier Lapeyre de Cabanes a expliqué le modèle français de recherche des origines de la personne adoptée. Il a indiqué que les adoptions internationales en France sont au nombre de 3500 depuis 2006, et que trois quarts des enfants adoptés viennent de Bulgarie. L’Agence française de l’adoption/AFA/ est l’autorité qui a pour  mission d’informer, de conseiller et d’accompagner les familles qui font appel à ses services dans leur projet d’adoption.

Le Conseil des droits de l’homme auprès des Nations Unies a à ce propos adressé une recommandation à la Bulgarie pour modifier sa législation dans la partie qui aujourd’hui interdit la levée du secret de l’adoption et permettre aux personnes qui le souhaitent d’accéder à leurs origines personnelles. Dès la semaine prochaine, le ministère de la Justice doit commencer à rédiger les nouveaux textes du Code de la famille, nous assure la vice-ministre de la Justice, Verguinia Mitchéva-Rousséva :

„ Les experts de notre ministère ont étudié les textes de lois des autres pays européens, surtout ceux où l’on adopte le plus d’enfants. Nous avons envoyé des courriers aux juridictions nationales, les invitant à faire leurs propositions. La première réunion du groupe de travail est prévue le 31 juillet. Nous espérons que les nouveaux textes pourront être déposés à l’Assemblée nationale d’ici la fin de l’année. »

En sa qualité de présidente du Conseil des adoptions internationales, Verguinia Mitchéva-Rousséva a indiqué que 477 petits Bulgares ont été adoptés en 2014, dont 173 avec des besoins spéciaux. Depuis le début de 2015 ont été adoptés 223 enfants dont 72 à besoins spéciaux.

Version française: Sonia Vasséva