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La montagne Vitocha : pomme de discorde entre investisseurs et écologistes

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Photo: BULFOTO

Le vieux chalet « Aléko » sur la montagne Vitocha est plus qu’un site touristique, c’est un monument historique. Construit entre 1924 et 1932, grâce aux dons et aux efforts de montagnards amoureux de la nature, il porte le nom du grand écrivain et journaliste Aléko Konstantinov, qui fut le fondateur de l’Union touristique bulgare. C’est lui qui, au début du 20e siècle, séme parmi les intellectuels Sofiotes l’envie de découvrir le tourisme alpin. Aujourd’hui, le chalet « Aléko », ainsi que presque la totalité du domaine skiable sont gérés par des opérateurs privés et le grand écrivain serait sans doute peiné d’apprendre que la montagne des Sofiotes est devenue la pomme de discorde entre entrepreneurs et défenseurs de la nature.

Vitocha est le plus ancien parc naturel dans les Balkans, il a 80 ans d’histoire. Bien que pris d’assaut par les concessionnaires, il est toujours bien conservé. Il n’en reste pas moins qu’une grande partie des infrastructures sont laissées à l’abandon. Une des raisons c’est le manque de vision de développement à long terme et l’opinion publique qui varie du « touche à rien » au « laisser faire les investisseurs ».

Une heure de voiture sépare le centre de Sofia des pistes de ski, près du chalet « Aléko », qui est à 2000 mètres d’altitude. Toute capitale européenne aurait été fière de cette proximité, mais pas lorsque la remontée mécanique la plus moderne est vieille de 30 ans et en plus elle est la seule qui marche. L’opérateur privé « Vitocha ski » n’investit pas dans le renouvellement des infrastructures, alors que selon la Fédération bulgare de ski, de 70 à 100 milles habitants de la capitale pratiquent les sports d’hiver. Selon Guéorgui Bobev, vice-président de la Fédération de ski et membre du comité de direction du concessionnaire « Vitocha ski », « de 1,5 à 2 millions de personnes voudraient profiter pleinement de la montagne. Les écoles de ski pour enfants accueillent entre 1000-1500 enfants par saison ». Or, à l’heure actuelle, les remontées mécaniques et les pistes sont dans un état lamentable.

« Malheureusement, les infrastructures délabrées du domaine skiable ne sont pas attractives pour les bons skieurs. Mais le plus important, c’est que nous tous nous réalisions que Vitocha a les capacités pour offrir toutes les conditions nécessaires pour pratiquer des sports d’hiver et d’été et de la randonnée en montagne, à condition de moderniser la base touristique ».

Le dernier plan d’exploitation du parc naturel de Vitocha a expiré l’année dernière. En ce moment, la discussion publique est en cours. Le nouveau projet de plan prévoit la modernisation du domaine skiable, sans l’élargir. Lubomir Boyadjiev est un des habitués des sports d’hiver à Vitocha et il nous a donné son avis :

«  La montagne Vitocha n’est pas simplement un parc national protégé. Elle est le poumon de la capitale. C’est pourquoi il faut faire tout notre possible pour le protéger. Je ne sais pas si les gens se rendent compte de la richesse que nous avons. Je comprends qu’il faut entretenir les infrastructures de ski, mais la question c’est comment, et je pense que nous avons notre mot à dire. Il faut sortir de la polémique pour ou contre la construction de nouvelles strctures. Pour moi, en tant que skieur, la question est pourquoi, pendant toutes ces années rien n’a été fait pour entretenir la base existante ».

La réponse à la question est dans la localisation spécifique de la montagne. Elle est à la fois un lieu de randonnée pour les habitants de la capitale et un site pour les sports d’hiver. Les différentes enquêtes démontrent que plus de 80% des Sofiotes sont favorables à la modernisation du domaine skiable, mais à conditions que la nature soit préservée.

Mais pour les écologistes, Vitocha ne doit pas devenir un projet axé sur les sports d’hiver de haut niveau. Le nouveau plan de développement du Vitocha promet qu’il n’y aura pas de nouveaux aménagements et constructions qui ne soient pas réglementés. Cependant, les nouvelles règlementations, en accord avec le programme « Sofia – capitale européenne du sport en 2018 » vont donner carte blanche au concessionnaire « Vitocha ski » pour entreprendre de nouvelles constructions et aménagements. A ce sujet, Guéorgui Bobev ajoute :

« On ne peut pas rénover, alors qu’il est interdit de construire. Selon la loi, le remplacement de la vieille remontée mécanique par de nouvelles remontées mécaniques signifie un nouveau chantier. Les gens peuvent apprendre à sauvegarder la nature seulement s’ils y ont accès ».

En définitive, étant donné que le nouveau plan d’aménagement du parc naturel de Vitocha n’est pas encore approuvé, les skieurs de Sofia continueront cette année encore de pratiquer leur sport favori ailleurs qu’à Vitocha, qui est à une heure de Sofia.

Version française : Miladina Monova




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