Les amendements à la Constitution de la République ont été entérinés hier par les députés, et même si la majorité requise était là, les textes n’ont pas fait l’unanimité, allant même jusqu’à provoquer des secousses au sein de la classe politique, voire même du gouvernement qui, faut-il le rappeler, est constitué d’une coalition entre le parti GERB, le Bloc réformateur, le parti ABV et avec le soutien du Front patriotique.

En clair, même si les amendements à la Constitution sont un fait, il est peu probable qu’ils règlent d’un simple coup de baguette magique l’avalanche de problèmes dans le système judiciaire bulgare. Sinon, les dégâts collatéraux sont connus - la démission du ministre de la Justice et la décision du parti « Démocrates pour une Bulgarie forte » de passer en opposition, tout en restant au sein du Bloc réformateur qui a plusieurs ministres au gouvernement, y compris le ministre de la Santé qui s’est distancé de la décision du leader des « Démocrates », Radan Kanev, resté seul avec ses convictions… 

Dans une déclaration spéciale, qui a suivi la rencontre avec le parti GERB, Nayden Zélénogosrki, de l’Union des Forces démocratiques, membre du Bloc réformateur a été clair :

« Le Bloc réformateur reste au sein de la coalition qui gouverne la Bulgarie et réaffirme son soutien aux ministres du Bloc ».

De son côté, Radan Kanev a motivé sa décision en tant que leader des « Démocrates pour une Bulgarie forte » :

« Toutes les décisions votées jusqu’ici par une majorité constituée de députés des partis GERB, MDL, ABV et certains autres groupes parlementaires, entérinent en fait le statu quo et vont à l’encontre des réformes. Je crains que le Bloc réformateur se soit transformé en une feuille de vigne, cachant la nudité /nullité/ des décisions prises. Et ça, les « Démocrates pour une Bulgarie puissante » ne peuvent l’accepter… »

Le comportement de Radan Kanev est analysé par le politologue Strahil Déliiski :

« Au-delà des particularités psychologiques et comportementales de l’individu, je chercherais l’explication de ce qui s’est passé au Bloc réformateur du côté de la constitution même de cette coalition qui tente, d’une part, de concilier les traditions de la droite classique et de l’autre, obéit aux poncifs du marketing de la coalition politique qui cherche à ses distinguer du parti GERB de centre-droit qui est à la base du gouvernement actuel de la Bulgarie. Et comme les éléments constituants de cette entité sont hétéroclites, forcément à un moment ou un autre l’unité de façade est fracturée. Radan Kanev a compris qu’il n’avait pas la maturité politique et a décidé de conserver un tant soit peu de son potentiel pour essayer de rester fidèle à ses principes ».

Sinon, le Bloc réformateur a demandé hier une mise à jour de l’accord qui régit la coalition gouvernementale. Pour que la machine fonctionne mieux au nom de la société et de la conduite des réformes qui doivent passer à la vitesse supérieure. Nayden Zélénogorski a été clair : « Si quelqu’un souhaite provoquer des élections anticipées, je lui dirais que ce film, je l’ai déjà vu et revu, et je connais parfaitement bien sa fin. Et ce sera effectivement la fin de la droite fragmentée dont aucun parti ne réussira à entrer au parlement, alors que le parti GERB aura facilement la majorité. »

« Il est très difficile de considérer le Bloc réformateur comme une entité politique unie et cohérente, dit en conclusion Strahil Déliiski. - Il lui manque beaucoup pour asseoir sa crédibilité et sa notoriété d’acteur de poids sur l’échiquier politique bulgare. Il cherche l’initiative politique pour se poser en moteur des changements et des évolutions positives, mais pour l’instant il n’arrive pas à surmonter les égoïsmes des partis qui le constituent. Et il ne faut pas s’étonner que leurs électeurs soient chaque jour plus déçus de leurs égarements. Sant parler du parti GERB qui lui aussi a du mal à les considérer comme un partenaire extrêmement précieux et irremplaçable. »

Version française: Sonia Vasséva