Le calendrier commence à égrener les premiers jours de 2016. Et pourtant, d’après les croyances populaires de nos anciens, l’univers est toujours en phase de transition et le passage à l’an neuf n’est toujours pas achevé.Le cycle des 12 mois de 2015 a épuisé toutes ses ressources, les forces de la Terre, du ciel et des humains sont diminuées et pour que la nouvelle période de renaissance s’installe il faut miser sur la force purificatrice de l’EAU. Et qui dit eau pense le 6 janvier au fleuve Jourdain et à la fête de la Théophanie /Epiphanie pour les catholiques/.

Selon les Évangiles, par son baptême dans le Jourdain, le Christ se manifeste en ce jour comme le Fils de Dieu. Selon les croyances populaires, en ces premiers jours de l’année, l’univers se trouve dans une période de mutation et de transition entre deux cycles de vie, qui souvent donne lieu à un chaos cosmique.Pour que la vie reprenne, il faut que les hommes se purifient des forces démoniaques qui ont occupé la scène pendant la période charnière entre les deux années, celle qui s’en va et celle qui arrive. Ce laps de temps est connu comme les journées sales et dure jusqu’à la purification complète des humains et de la nature, avant de recevoir le nouveau baptême. Nous retrouvons ce mélange de visions mythologiques antiques et de symbolisme chrétien à la base des deux fêtes de Saint Yordan et Saint Ivan, célébrées respectivement les 6 et 7 janvier et placées sous le signe de l’Eau.

La légende dit que dans la nuit de la Saint Yordan, l’eau de toutes les rivières, lacs, sources se fige un instant pour se purifier par elle-même. La version christianisée est que l’eau est purifiée et bénite lorsqu’on y plonge une croix. Et si jamais la croix gèle au contact de l’eau, c’est un signe de santé, de vigueur et de grande fertilité. La même promesse est faite par temps froid et sec. Dans beaucoup d’endroits le prêtre du village jette une croix dans un bassin d’eau et les jeunes gens rivalisent, en cette saison froide, pour plonger et la rapporter. Et celui qui tire la croix des eaux glaciales sera le grand chanceux de l’année.

Les bains de la Théophanie traduisent l’aspiration des humains à puiser dans la sagesse du Saint esprit pour se purifier des forces du mal et des pensées peu louables…De nos jours, ils sont nombreux ceux qui cherchent à comparer l’eau ordinaire à l’eau bénite. En effet, chaque fois que le prêtre bénit l’eau pour en faire de l’eau bénite, il agit en qualité de messager de l’Église. Par conséquent, celui qui prend de l’eau bénite et s’asperge lui-même ou asperge d’autres objets présents ou absents peut être assuré que chaque fois la prière de l’Église montera vers le Ciel et attirera la grâce divine. L’eau bénite de l’année passée sert à confectionner trois pains rituels, le premier dédié à la maison, le second à tous les visiteurs qui seront les bienvenus et le troisième pain est laissé devant la porte, pour les passants qui auraient faim.

Le 7 janvier, c’est Saint Jean-Baptiste qui est mis à l’honneur avec la fête populaire de tous les Ivan. La journée loue les fratries et autres compagnonnages, plus généralement l’amitié et ses liens indestructibles. Il fut un temps où de grands festins étaient organisés dans chaque foyer bulgare et les jeunes mariés rendaient obligatoirement visite à leurs témoins. Les baignades rituelles continuent comme la veille et aucun homme portant le prénom d’Ivan n’y échappe, quelle que soit sa condition sociale.

Disons pour conclure, que la Saint Yordan et la Saint Ivan marquent le début de la saison des fiançailles et des mariages qui sont autorisés jusqu’au début du Grand carême pascal. Le cycle de la vie se met de nouveau en place, purifié et revigoré, et l’univers retrouve son harmonie…

Version française : Sonia Vasséva