Le 19 février 1873, Vassil Levski, figure de proue du mouvement bulgare de libération nationale était pendu aux portes de Sofia.

« J’ai dédié ma vie à la Mère-Patrie, je me suis engagé à la servir jusqu’à mon dernier souffle et à obéir à la volonté du peuple » - écrivait Levski. Les idées qui président à son action sont inspirées par le patriotisme, les valeurs républicaines et la démocratie. Il a un grand rêve – toutes les ethnies, tous les hommes Bulgares, Turcs, Juifs et autres, doivent être égaux en droits et vivre dans la paix et la bonne intelligence. Persuadé que la libération est une affaire intérieure des Bulgares, Vassil Levski met en place un réseau très dense de comités révolutionnaires qui couvre tout le pays. Il s’impose d’emblée comme un stratège et organisateur de génie. Bien que fortement déstabilisés par les attaques du pouvoir turc, le réseau des comités révolutionnaires qu’il met en place déclenchent une grande insurrection en avril 1876, trois ans après sa mort. Sauvagement réprimée, cette révolte sensibilisa l’opinion internationale à la cause bulgare et prépara le terrain à la Guerre russo-turque de 1877-1878.

Cette année, à l’occasion du 143e anniversaire de la disparition de Vassil Levski, une exposition a été inaugurée à Sofia, à la Galerie nationale des Beaux-Arts, co-organisée avec le Comité bulgare “Vassil Levski”. Intitulée “L’Apôtre et son temps à travers le regard des artistes bulgares”, elle présente, jusqu’au 20 mars, plus de 80 œuvres d’art et 40 documents liés à l’image, la vie et l’œuvre de l’Apôtre de la Liberté.

“L’exposition présente, d’une part, un large panorama d’images artistiques de l’Apôtre et, d’autre part, le travail de plusieurs artistes bulgares de différentes générations et systèmes politiques qui ont été fascinés par sa personnalité et son oeuvre – raconte la conservatrice Janette Mitéva. - L’artiste le plus âgé, dont les peintures sont exposées dans la galerie, est Marin Guéorguiev Oustaguénov. Né en 1872 à Roussé, il est parmi les premiers artistes ayant terminé la nouvellement créée Ecole de peinture qui devient plus tard l‘Académie nationale des Arts. Le plus jeune artiste, participant à l’exposition avec une de ses sculptures, est Lazar Mitev de l’Ecole des Beaux-Arts « Tzanko Lavrénov » de Plovdiv. Il est né en 1996.”

L’accent de l’exposition est l’oeuvre de l’académicien Detchko Ouzounov “Collier de l’immortalité” datant de 1973. Parmi les auteurs on peut distinguer également Marin Guéorguiev Oustaguénov qui a consacré une grande partie de son oeuvre à l’époque avant la libération et à Vassil Levski. Mais on peut mentionner aussi des artistes contemporains, tels que le professeur de l‘Académie nationale des Arts Plamen Valtchev et Vassil Goranov, un nom bien connu en Europe, tout comme le jeune artiste Rossen Raytchev qui vit et travaille depuis plusieurs années aux Etats-Unis.

Janette Mitéva donne encore quelques détails:

“Une section spéciale de l’exposition présente des illustrations de Hristo Neykov de deux livres pour enfants dédiés à Vassil Levski - “L’Apôtre en péril”, reposant sur le célèbre récit d’Ivan Vazov, et “Je suis Levski” de Sérafim Séverniak. Ces livres sont connus par des milliers d’enfants bulgares, mais maintenant nous montrons pour la première fois les illustrations originales. Dans l’exposition, elles sont rangées à côté des premières illustrations que l’artiste Ivan Markvitchka fait pour “L’Apôtre en péril”, publiées en 1895. Il y a aussi des photographies originales de compagnons de lutte de Levski, ainsi que deux photographies originales de l’Apôtre - quelque chose que le public peut voir très rarement, car elles sont gardées sous contrôle spécial et même les experts historiens y ont rarement accès. Nous avons la possibilité de les montrer grâce à la collection privée d’Alexandre Alexiev qui nous a permis de les exposer.“

Dans les deux premiers week-ends après le vernissage de l’exposition, les visiteurs ont pu voir la miniature théâtrale du metteur en scène Assen Chopov “L’interrogatoire de Vassil Levski” devant la Commission d’enquête extraordinaire à Sofia.

“Le spectacle reconstitue les interrogatoires de Levski, qui ont eu lieu dan le konak de Sofia. Plus tard, sur cet endroit a été érigé le Palais royal, qui aujourd’hui abrite la Galerie nationale des Beaux-Arts. Et d’une certaine manière, en nos jours, l’esprit de l’Apôtre continue à planer encore dans ces espaces “ - dit en conclusion Janette Mitéva.

Version française : Sia Karaguiozova

Crédit photos : BGNES