Cette question provocatrice, nous l’avons adressée aux auteurs du superbe album A Guide to Thracian Bulgaria. Elle s’appelle Dimana Trankova, archéologue de formation. Mais elle a depuis longtemps, tout comme d’ailleurs un autre des auteurs, Antoni Gueorguiev, lié son destin à une des rares maisons d’édition en langues étrangères en Bulgarie – la « Vagabond media ». Ils ont également signé l’album Roman Bulgaria dont nous allons vous parler prochainement.
La réponse de Dimana a été courte et claire : l’information que tout objet de l’époque Thrace nous donne sur nos prédécesseurs qui ne nous ont cependant pas laissé un héritage écrit. Sauf si nous ne prenons pas en compte les exclusives décorations des tombeaux qui, bien que plus récents que les tombes égyptiennes, et ne les considérons pas comme des pictogrammes. L’album nous emmène également dans des forteresses à des endroits surprenants – au-dessus de la tête de Lion sur le fleuve Ropotamo, dans des sanctuaires jetant une éblouissante lumière comme Belintach. Et encore – avec des dolmens appelés les crevasses des dragons que les anciens Bulgares prenaient pour les tanières des dragons pour par la suite les détruire pour les besoins de la concentration des terres arables ; également des cercles en pierre comme celui de Stonehenge dont on ne sait pas à quoi ils servaient.
„Ce livre a un objectif ambitieux – expliquer en langue anglaise à des gens qui n’ont aucune idée sur les Thraces comment ils sont apparus, où ils ont vécu, quels ont été leurs dieux, quelles villes ils ont bâties, quels sont leurs trésors les plus splendides et pourquoi ils aimaient tant les objets en or. Les Thraces nous ont laissé deux sites de l’UNESCO – les tombeaux de Kazanlak et Svechtari et un patrimoine immatériel – les danses sur la braise des Nestinari, conclut avec fierté son commentaire sur les résultats de leur coopération l’archéologue Dimana (l’autre c’est Miglena Vassileva, consultant et co-auteur).
Comme chaque rendez-vous avec le passé, de nombreux éléments font l’objet d’interprétations et rares sont les faits indiscutables. Même un petit objet comme un miroir d’argent soulève la question s’il s’agit tout simplement d’un objet de la vie quotidienne ou bien il cache une signification mystérieuse et symbolique:
„Il se pourrait qu’il ait eu une fonction magique pour symboliser une partie de l’histoire de Dyonisos déchiqueté par les Titans. Un des objets que les Titans ont utilisé pour le faire venir a été un miroir. L’histoire de la renaissance a de très profondes racines Thraces et le miroir fait partie de ces symboles. “
Les liens entre la culture thrace et grecque sont clairs. Selon la version la plus répandue, Dyonisos est un Thrace capturé par les Grecs mais ce n’est pas la chose la plus importante – les deux cultures voisines ont échangé beaucoup de choses. Il n’y a pas d’autre part de doutes sur le fait que certains symboles Thraces ont été repris par le christianisme. Cela concerne plus spécialement la déesse-mère qui devient Sainte Marina, une des saintes les plus vénérées dans la Strandja, un massif montagneux bulgare qui a le plus conservé les croyances des antiques Thraces. Nous découvrons un autre symbole de ce genre de nouveau dans la Strandja, près de la ville de Malko Tarnovo:
„Dans certaines églises là-bas on peut toujours voir Saint Georges mais non pas sur une icône mais sur un bas-relief de chevalier Thrace. De toute évidence, quand on a construit l’église on est tombé sur un sanctuaire Thrace et on s’est dit – „Tiens, Saint Georges!“
La couverture du livre attire l’attention avec un merveilleux lever du soleil sur le sanctuaire des Rhodopes Harman Kaya, à proximité duquel il y a également un sanctuaire musulman. Tel est le cas de Demir baba téké près de Svechtari. Même si plus tard des pierres et d’autres matériaux des sanctuaires Thraces ont servi à construire des endroits saints pour d’autres religions, les croyances des gens dans la puissance de la nature, du feu, des créatures mystiques sont toujours vivantes. Il ne serait pas inutile en préparant un éventuel circuit à travers la Bulgarie des Thraces de faire plus attention à la partie méridionale du pays en n’oubliant toutefois pas le tombeau de Svechtari (faisant partie de la réserve de Sborianovo) et le musée de Vratsa.
Kimberly Crago, un des lecteurs du livre, termine de manière éloquente sa petite revue littéraire sur Amazon, bien qu’il ait acheté le livre dans une librairie bulgare– „Les nombreux mégalithes et tombeaux décrits dans ce livre m’incitent à revenir pour voir encore beaucoup de choses en Bulgarie“.
Version française: Vladimir Sabev
Crédit photos: Antoni Gueorguiev / Muséum d'Histoire "Iscra" Kazanlak
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