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Quid des "chasseurs" de migrants et autres "justiciers" autoproclamés?

Photo: BGNES

Le Tribunal de Bourgas a confirmé l’assignation à domicile, prononcée il y a une dizaine de jours contre le jeune bulgare Pétar Nizamov, connu pour avoir diffusé une vidéo sur Facebook où l’on voit des images de migrants mis à terre et ligotés par une milice privée, non loin de la frontière turque. Ainsi Nizamov et une dizaine de ses « camarades justiciers » filment avec un téléphone portable la neutralisation de 3 Afghans, ayant franchi illégalement la frontière. L’opération est considérée aux yeux du « héros du jour » comme un acte patriotique, contrairement au tribunal qui a jugé que l’objectif poursuivi par ce commando n’était pas de défendre la frontière de la Bulgarie.

La première réaction du premier ministre Boyko Borissov a été de féliciter cette milice pour avoir signalé à la police la présence de clandestins à la frontière, avant de mettre en garde contre « tout dépassement des droits ».

Le Comité d’Helsinki en Bulgarie a demandé que le ministère de l’Intérieur n’encourage pas les actions de ces « milices populaires » qui interviennent de leur propre gré à la frontière, procédant à ce qu’ils appellent des « arrestations civiles ». Un terme qui existe dans le droit bulgare, mais qui ne s’applique pas, d’après les juristes, aux migrants, fussent-ils clandestins…

La société bulgare semble divisée sur l'affaire de ces « justiciers » autoproclamés. Certains les voient comme une nouvelle garde nationale qui doit être officialisée, d’autres les traitent de « bande de sociopathes » qui s’approprient les fonctions et prérogatives de l’Etat. 

Face à ces agissements, la ministre de l’Intérieur Roumiana Bachvarova a déclaré qu’il s’agissait d’une provocation lancée à l’exécutif visant à insinuer que l’État n’arrivait pas à faire face à la pression migratoire. Ce qui d’après la ministre est loin de la vérité car en 2015 ont été enregistrés 30 000 migrants et 100 000 autres se sont vus refuser l’accès au territoire de la Bulgarie. Bref, la PAF fait son travail correctement et il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Même si une partie du Front patriotique a des doutes, ce qui explique son soutien aux « justiciers » auto-proclamés qui opèrent à nos frontières, contrairement à d’autres, toujours du Front patriotique, qui voient dans ces commandos une « brigade peu vertueuse de gros bras ». Idem pour le PS pour qui l’Etat a failli dans sa mission sécuritaire. Enfin, les « Démocrates pour une Bulgarie forte » demandent que l’État organise une formation militaire pour tous ceux qui souhaitent protéger la frontière nationale, sous la tutelle des forces de l'ordre.

Quels que soient le discours et ses nuances, force est de reconnaître qu’il s’agit de deux cas répréhensibles qui ne révèlent toutefois pas une faille sérieuse dans le système de sécurité à la frontière. En effet, l’Etat gère plutôt bien le problème des migrants, ce qu’il a démontré lors de la pression importante il y a un an aux portes de la Bulgarie. Maintenant que l’afflux a baissé, mieux vaut penser à une politique migratoire partagée plutôt que de se focaliser sur les unités de bénévoles qui feront toutjours polémique…




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