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Antony Galabov : "Le vote obligatoire ne rétablira pas la confiance dans les partis politiques !"

Photo: BGNES

Ces dernières années, l’idée du vote obligatoire a fait l’objet d’un large débat public au point d’entrer à l’Assemblée nationale, voire même d’être entériné par nos chers députés. Nous rappellerions toutefois les résultats du vote de la semaine dernière : 109 voix pour, 74 contre et 10 abstentions. Bref, on est loin de l’unanimité… Si le vote devient obligatoire, ceux qui pour une raison ou l’autre n’accompliront pas leur devoir électoral seront radiés automatiquement des listes électorales et s’ils veulent voter la prochaine fois, ils devront s’acquitter d’une série de formalités administratives.

Nous avons rencontré le politologue Antony Galabov qui nous propose son éclairage de la situation :

„Faisons pour commencer un retour en arrière pour rappeler que l’idée du vote obligatoire a été lancée par le président de la République qui y voyait un remède contre l’apathie et le manque de confiance des Bulgares dans les partis politiques, une réaction même contre les pratiques corruptives lors du scrutin. Il a proposé la tenue d’un référendum dont les trois questions ont été ramenées à une seule. Quant aux députés, ils ont pris une décision qui aurait pu faire l’objet d’une grande consultation populaire, respectivement obtenir /ou pas !/ un soutien plus large. En clair, la prise de décision a été renvoyée à l’Assemblée nationale et comme vous pouvez le constater, même si nos députés ont tranché, l’unanimité est loin d’être acquise… »

A preuve, les débats toujours aussi animés et les confrontations en salle plénière. L’opposition a bien entendu été contre le vote obligatoire, voyant une menace pour la démocratie, pour citer le député PS Yanaki Stoylov. Idem du côté du MDL des Turcs ethniques qui considèrent que l’introduction du vote obligatoire tente à minimiser l’influence de leur parti sur l’échiquier politique bulgare. Le leader des « Démocrates pour une Bulgarie forte », Radan Kanev n’est pas non plus content de cette façon d’imposer par voie législative le vote aux électeurs, ce qui ne fera que creuser le gouffre qui les sépare des politiques en manque de crédibilité. Peut-on alors dire que le vote obligatoire pourra motiver ceux qui n’ont pas trouvé nécessaire de se déplacer jusqu’ici aux urnes ?

„Moi personnellement je doute de l’impact d’une pareille motivation, répond sans hésiter Antony Galabov. - Je pense plutôt que les citoyens doivent avoir la possibilité de voter contre tous. Participer au scrutin électoral doit relever du devoir citoyen de tout un chacun. Si le devoir n’est pas ressenti en tant que tel, c’est que les partis politiques n’inspirent aucune confiance. »

Le taux de participation plutôt faible aux élections en Bulgarie est aussi dû à la déception accumulée au fil des douloureuses années de transition. Après 1989, les Bulgares pensaient édifier rapidement une société libre et démocratique, alors qu’en réalité ce sont le monnayage des voix et l’apathie qui ont pris racine. La démocratie est en danger, pense encore Anthony Galabov :

„ Je ne pense pas que nous construisons notre vie politique en nous inspirant des principes de la démocratie. Je crains que nous nous rapprochions d’un autre régime politique, non pas de la démocratie. Ce qui explique le sentiment d’un grand nombre de citoyens bulgares qui considèrent que tout se décide à un autre niveau, sans tenir compte de leur volonté. Ceux qui refusent de voter estiment que rien ne dépend d’eux et que tout est une affaire d’entente tacite entre groupes d’influence. J’appellerai cela oligarchie, et non pas démocratie ! L’oligarchie est un régime politique complet et entier, un système politique bien structuré. Ce qui me fait penser que la Bulgarie court des risques pour son développement démocratique. Et si les Bulgares avaient eu réellement la possibilité de se prononcer pour ou contre le vote obligatoire, cela leur aurait évité de laisser deviner le comportement des partis politiques, plutôt que de se prononcer clairement et en tout état de cause sur la question. »

Version française : Sonia Vasséva




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