Les chrétiens orthodoxes associent la couleur rouge au sang du Christ et aux souffrances du Sauveur sur la croix, et l’œuf - à sa résurrection. En effet, l’œuf qui semble mort, mais qui en même temps porte en lui la vie, est un véritable symbole du triomphe sur la mort et du passage de l’hiver au printemps. Selon les croyances populaires, l’œuf possède une grande force magique et il est utilisé dans divers rituels. Avec lui on fait des incantations magiques et on peut vérifier si une personne est atteinte du mauvais œil. Dans les contes de fées on raconte des histoires avec des sorcières ou des monstres dont la force se cache dans l’œuf - et quand le brave homme le trouve et le casse, le méchant meurt à l’instant.
La plus grande force, cependant, est attribuée à l’œuf rouge de Pâques. Avec lui on traite des maladies et on lutte contre les mauvais sorts. Par tradition, c’est la femme la plus âgée de la famille qui peint les œufs le Jeudi Saint. Dans le passé, dans les maisons riches on colorait 500-600 œufs environ - pour qu’il y en ait assez jusqu’au jour de l’Ascension de Jésus-Christ, qui est aussi la fête de Saint Spas, quarante jours après Pâques, et pour en distribuer à tous les membres de la famille, aux invités, aux pauvres et aux voyageurs. On utilisait des teintes puisées dans la nature: avec l’origan on obtenait la couleur rouge, avec l’ortie - le vert, le sumac donnait l’orange et les feuilles de noyers ou les pelures de pommes servaient pour obtenir le jaune. Avant de commencer, la femme allumait une bougie et faisait le signe de la croix en prononçant ces mots: “Espérons que l’année prochaine nous allons à nouveau accueillir l’œuf rouge!”
Le premier œuf est obligatoirement coloré en rouge et avec lui on frotte les joues des enfants, des jeunes filles et des jeunes mariées pour qu’elles soient en bonne santé, belles et préservées du mauvais œil, des magies et de tous les maux. Dans certains endroits, on met cet œuf auprès de l’icône du foyer pour qu’il apporte la santé et la prospérité à la maison. Dans d’autres régions, on l’enterre dans les champs pour les protéger des grêles ou on le met dans les semences pour que la récolte soit abondante. Lorsqu’on construit une nouvelle maison, on met aussi un œuf rouge dans ses fondations pour qu’elle soit saine et chanceuse. A Pâques on apporte également des œufs rouges à l’église et on les laisse devant les icônes.
Nombreuses sont les têtes savantes qui estiment que les Pâques orthodoxes n’ont fait que remplacer une ancienne coutume païenne. A preuve l’ouvrage de l’ethnologue Nikolay Nikov sur « Les fêtes des Bulgares : mythes et légendes » où il fait référence à un récit très ancien sur une époque où Dieu descendait parmi les humains pour les aider et les soigner de leurs maladies. Il avait enfermé avec neuf cadenas l’eau et le soleil dans une grotte profonde. Les hommes trimaient du matin au soir, mais la terre restait toujours aride, privée d’eau et de soleil. Même les oiseaux ne voulaient plus chater. Jusqu’au jour où un homme jeune accompagné de ses deux enfants se rendit dans la forêt pour cueillir quelques racines comestibles, de quoi nourrir sa famille. Il tailla dans un bout de bois un œuf, le peint en rouge et en fit cadeau à ses enfants pour jouer. Pendant la nuit, il vit dans son rêve un vieillard à la barbe blanche qui l’avertissait qu’un méchant sorcier allait tenter d’enlever ses enfants, mais qu’il ne devait pas avoir peur et serrer entrer ses doigts l’œuf rouge. Le lendemain matin, le sorcier se présenta dans sa calèche aux portes de la maison du pauvre homme, mais l’homme hissa haut l’œuf rouge et le serra jusqu’à ce qu’une lumière intense déchire le ciel et rende le sorcier aveugle. Alors les 9 cadenas de la grotte s’ouvrirent par miracle, l’eau et le soleil jaillirent, les oiseaux et les animaux s’installèrent de nouveau dans les bois et les humains vécurent heureux, après cette résurrection…
Dans la mythologie des Bulgarie qui dit Pâques dit encore balançoires et leur pouvoir magique. Le contenu des chansons interprétées pendant ce rituel reprennent les motifs du dragon, des nymphes, de l’eau qui jaillit à nouveau et qui donne vie, de la fertilité et des futures épousailles…C’est aussi le moment où les jeunes filles font leur entrée solennelle dans la société /le bal des débutantes, en quelque sorte, dans une version populaire/.
L’univers entre dans une nouvelle phase et les danses folkloriques suivent la forme du soleil. Un autre culte universel, venu de la nuit des temps…
Présenté par Sonia Vasséva
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