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Bogomil Goudev : La liberté de la feuille blanche et le sentiment de voler

Irina-Kalina Goudeva
Photo: uniart.bg

Des dizaines (voire des centaines) sont les chansons pop bulgares dont les paroles sont signées de Bogomil Goudev. Les musiciens du Big Band de la Radio Nationale Bulgare ont sélectionné une petite partie d'entre elles, pour rendre hommage au poète par un concert au Grand Auditorium de la Maison de la Radio. Les solistes du concert sont des noms éminents de la scène bulgare – Kiril Maritchkov, Mimi Ivanova et Razvigor Popov et aussi Nevena Tzoneva, Preslava Krasteva, Kalin Veliov.

Né en 1935 Bogomil Goudev nous a quittés très tôt, à 58 ans à peine. Il a lassé 1200 textes de chansons, deux livres, une centaine d’émissions radio, archivées à la Radio Nationale Bulgare et un grand vide dans l’âme de ses proches  et amis. Aujourd'hui sa fille Irina-Kalina Goudeva est parmi les initiateurs du concert en sa mémoire. Elle intervient aussi en tant qu’actrice au programme et va même chanter  "Mieux vaut tard que jamais" (B.O. du film "A chaque kilomètre"). Irina-Kalina est contrebassiste. Elle a fait ses études à L’Ecole Nationale de musique et au Conservatoire national de musique à Sofia. Elle continue sa formation dans des nombreux ateliers chez des pédagogues d’envergure, elle a terminé le programme des solistes-virtuoses au conservatoire de Genève. Peu à peu elle s’associe à des projets expérimentaux, qui combinent différents arts. Elle est à la fois artiste, actrice et écrivain. Depuis 2003 elle met en scène ses propres performances pour lesquelles elle compose la musique. Actuellement elle travaille sur son neuvième spectacle. Elle habite la Suisse, mais elle  ne se sent pas comme une émigrée.

Снимка"Mon père était violoniste – nous raconte Kalina. C’était un musicien exceptionnel et très doué. Il a terminé le lycée avec une médaille d’or et le droit d’entrer à l’université de son choix. Il décide de faire de la chimie, mais le violon a toujours eu une place préférentielle dans sa vie. Il joue du jazz dans des clubs avec Razvigor Popov. Ils ont eu un demi-siècle d'amitié. Une fois il fallait trouver un contrebassiste et ils ont offert à mon père d’essayer. Bogomil, qui aimait tous les défis et était à cette époque "un jeune fou" a réussi à remplacer le contrebassiste de la bande pendant deux semaines. Je pensais que c’était une blague familiale. Quand j’ai commencé la contrebasse à la maison nos chambres étaient voisines - il faisait ses rimes, moi je répétais mes textes. "

Ecrire en vers est un talent. Encore plus rare est l’habilité de créer des poèmes sur une forme musicale déjà prête – chose qui distingue Bogomil Goudev des autres poètes.

"Je dispose de facsimilés – continue Irina-Kalina, - qui montrent comment mon père a fait la structure rythmique de la musique pour trouver les moments poétiques exacts. De plus, en cherchant les synonymes, il choisit le mot le plus "musical" qui porte le plus de sonorité. A mon avis c’est un des secrets de ses textes. Son talent était découvert quand il était violoniste dans un orchestre de jazz. Sa renommée d’auteur-compositeur a été révélée tout à fait par hasard par Atanas Boyadjiev. Le compositeur de la musique d’un film bulgare ne disposait pas de texte pour la Bande originale du film. Il s’est adressé à des poètes de renommée, mais sans succès. Alors il est allé prendre un verre pour se distraire et pour écouter la bande du bistro où mon père jouait. Un des musiciens c’est mis à côté de lui. Boyadjiev lui a raconté son problème et c’est ainsi qu’on lui a présenté Bogomil Goudev. Le compositeur a composé sur une serviette en papier les premières notes de la mélodie. La liberté de la feuille blanche a été essentielle pour lui. Et le sentiment de prendre son envol. ".

Certains des textes de Bogomil Goudev sont très influencés par le folklore, poursuit son récit la fille de l’artiste. - Je suis certaine que cet amour pour l’art populaire  vient de son père – mon grand-père aimé Groudi Groudev,  l’un des premiers chanteurs, qui a fait des enregistrements à la Radio Nationale bulgare. Ilétaitpassionnément amoureux du folklore bulgare. Mon père jouait aussi de l’accordéon. Pendant de longues années il a animé des émissions folkloriques à la Radio Nationale. »

Version française Yana Tomova




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