Il y a quelques mois Boyan Vodenitcharov a enregistré à la Radio Nationale bulgare ses propres improvisations musicales. Certains morceaux sont issus du programme des concerts déjà enregistrés dans lesquels il joue avec le saxophoniste belge Steve Houben.

"Les improvisations font de plus en plus partie de mon travail – nous confie-t-il -  et cela me plait beaucoup. Pour moi c’est la façon la plus naturelle et spontanée de créer de la musique. Encore enfant, j’improvisais tout le temps.  Les adultes  autour  de moi insistaient pour que je joue les pièces qui me sont données mais je préférais les revisiter. C’était ma façon d’appréhender une œuvre. A une période, je composais d’une manière active parallèlement à mon travail d’artiste et de pédagogue. Dans la composition, un moment musical peut durer des jours, des semaines même. Dans l’improvisation c’est le moment d’exception, une fulgurance, qui passe et qui ne revient pas. Les dernières années lors des récitals, je mélangeais les pièces du répertoire classique avec des improvisations. Par exemple, je jouais une œuvre de Schuman et après, je laissais libre cours à l’improvisation. Mais pas "sur" la musique qui venait d’être interprétée, je brodais plutôt "autour d’elle"".

L’année dernière la Maison d’édition « Fuga Libera » a sorti son album « RandomPatterns »

"Il s’agit d’un disque de morceaux improvisés en solo, enregistrés depuis longtemps qui ne pouvait pas sortir pour des raisons financières. – nous confie le professeur Vodenitcharov. Concernant le contexte historique,  jusqu’au début du XIX^ème siècle, les interprètes étaient aussi des compositeurs Une des raisons pour que l’improvisation passe à l’oubli est la stricte séparation de ces deux activités. Un exemple de l’époque du Romantisme – Robert Schuman était compositeur et pianiste, chef d’orchestre et critique musical. Une autre raison est la complexité du langage musical et la diversité des styles pendant le XX^ème siècle – Debussy, Stravinski, Schönberg…