La côte maritime bulgare a une triste réputation : des plages bétonnées, parsemées d’hôtels hideux, musique de mauvais goût qui perce les oreilles, des touristes all inclusive entassés sous les parasols. Heureusement, le long de la côte d’une longueur de 400 km, il reste encore des coins de paradis où l’on peut échapper à tout cela. Repoussés par l’avidité des promoteurs immobiliers, les adeptes du camping peuvent encore trouver quelques espaces autorisés pour planter leurs tentes, comme cela se faisait dans le passé. Car de plus en plus de jeunes choisissent ce mode de repos, suivant l’exemple de leurs parents et grands-parents.

C’est le cas de Mia Yotova, âgée de 16 ans qui a passé des vacances pour la première fois sans ses parents. Elle est allée 15 jours au camping d’Arapia où allaient aussi ses parents et grands-parents. Même si ce golfe, situé à 70 km au sud de Bourgas a bien changé depuis le temps.

« J’ai pratiquement grandi ici et camper pour moi est beaucoup plus agréable que rester dans un hôtel. Au camping on se sent libre, proche de la nature, on apprécie des petits détails. Une fois un ami m’a dit qu’il préférait avoir les étoiles sur la façade de son hôtel qu’au-dessus de sa tête. En fait je le plains, car il ne saura jamais ce que c’est de s’allonger sur le sable et de regarder les étoiles dans le ciel. En plus, à quoi bon fuir la ville si c’est pour retrouver le même mode de vie à la mer ? »

Les grands-parents de Mia vont camper pour la première fois à Arapia en 1962. Et ils y retournent régulièrement durant 40 ans. Ekatérina, la grand-mère a évoqué pour nous ses souvenirs.

« A l’époque, il n’y avait pas une trace de pied sur le sable. Nous étions un groupe avec 5-6 tentes que nous avions cousues de nos propres mains. Nous faisions un feu de bois et nous mangions essentiellement du poisson. La mer était si propre qu’il y avait plein de poisson. Avec l’eau de la mer nous faisions la vaisselle et nous nous lavions les dents ».

La professeure d’allemand Iliana Guérgiéva fait partie de cette deuxième génération, qui a grandi sur les plages du petit golfe rocheux d’Arapia. D’ailleurs c’est là qu’elle exerce son allemand encore enfant, avec les touristes de l’ancienne Allemagne de l’Est.

« Il y avait énormément d’Allemands de l’ex RDA, qui venaient équipés pour faire du camping. Leur équipement était très sophistiqué, nous le leur envions. Pour nous ils représentaient l’Occident car ils avaient tous ce dont nous rêvions : des tentes, chaises de camping, chauffe-eaux à gaz, etc. C’était un vrai pari de réussir à acheter une tente d’eux, lorsqu’ils partaient. C’était au milieu des années 70 et les années 80. A l’époque Arapia était proche de la zone frontalière et pour nous enfants c’était curieux de voir passer les gardes-frontières et la police qui se promenaient sur la plage armés jusqu’aux dents. Maintenant les Allemands ne viennent plus et tout a bien changé ».

Version française : Miladina Monova