Le 11 novembre l’auditorium de l’Académie Nationale de Musique - Pantcho Vladiguérov était plein à craquer. Les mélomanes s’étaient donnés rendez-vous à l’occasion du concert de pièces pour orgue inédites pour le public bulgare, un concert en hommage à l’immense organiste, le professeur Néva Kristeva. A l’affiche il y avait les organistes Margarita Kristeva, sœur Sérafima, Kiril Pavlov et Miroslav Dimov qui ont interprété des œuvres contemporaines pour orgue ainsi que des pièces de Jean Sébastien Bach et Dmitry Chostakovitch. Un petit rappel : récemment, Néva Kristeva  a reçu la plus haute distinction pour son apport exceptionnel à l’art, la culture et la science, l’ordre de Saint Cyrille et Saint Méthodi avec collier.

Neva Kristeva vient d’une famille d’illustres musiciens et de compositeurs bulgares. Elle est pédagogue, mais aussi une immense musicienne à laquelle nous devons la création de l’école de musique pour orgue en Bulgarie. Elle est diplômée du Conservatoire de Musique de Moscou du nom de Piotr Ilitch Tchaïkovski, elle a poursuivi sa formation à Prague et à Zurich. Elle a donné des centaines de récitals en Europe et en Asie. Elle reprend les concerts pour orgue à Sofia en 1974, sur le nouvel orgue de la salle Bulgaria, l’ancien instrument avait été détruit dans les bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

„Je suis l’exemple type d’un enfant issu d’une famille de musiciens. Encore petite, j’adorais jouer du Bach et du  Beethoven. Je voulais connaître l’orgue en tant qu’instrument, parce qu’il est le plus proche de la musique que j’aime. Toute ma vie a été soumise à cet instrument, il est lié à l’improvisation, au service religieux et à la musique sacrée. Il est né dans la Grèce antique et il a été rapporté d’Orient en Occident. Si nous pouvons inculquer les valeurs européennes ce sera par la musique et c’est ma conviction profonde. Ce concert dévoile dans une grande mesure ma propre personnalité. J’ai retenu des œuvres de Bach trois chorals, Prélude et fugue en ré mineur, Toccata, adagio et fugue en ut majeur. J’ai fait la transcription du Prélude et de la fugue en ré mineur des „24 préludes et fugues“ pour piano de Chostakovitch et une de mes composition qui est dédiée à ma mère. Je voudrais que les gens écoutent de la musique classique, ils y découvriront leurs propres émotions qui n’attendent qu’à s’épanouir, ils devraient se laisser guider par la musique. Il ne faut pas oublier que depuis l’Antiquité la musique est le meilleur révélateur des processus en cours dans la société.“ 

Ralitza Trifonova, étudiante en thèse parle avec émotion de Néva Kristeva son maître à penser:

„Elle est le plus précieux professeur et maître pour moi. Elle m’a aidé, elle a fait de moi un musiciens qui pense, elle m’a montré un monde meilleur. Les interprétations du professeur Néva Kristeva sont pour moi source d’inspiration, son jeu sublime me fait atteindre des sommets insoupçonnés dans ma vision de la musique. Elle puise son énergie spirituelle de l’art qui  pour elle est synonyme de toute sa vie.“

„Néva Kristeva est une organiste d’exception, dit à son sujet le prof. Natacha Yapova qui est historienne de la musique. Elle a accompli un véritable exploit pour tout musicien, elle a interprété par deux fois l’intégrale des œuvres pour orgue de Jean Sébastien Bach. C’est à Néva Kristeva que nous devons l’éclosion du public cultivé de fervents admirateurs de la musique pour orgue. Elle a formé de nombreux critiques musicaux, d’organistes et de compositeurs. Son œuvre qui se caractérise par une profondeur enviable est un autre apport immense à l’école de composition contemporaine bulgare. Elle suit la tradition des grands musiciens, des grands artistes qui savaient tout faire : composer, jouer la musique et former des disciples.”

Présenté par:  Roumiana Markova