A la Foire Internationale du Livre de Francfort qui se tient à la mi-octobre chaque année ont été dévoilées les nominations pour le prix de littérature jeunesse du nom de la grande Astrid Lindgren, cuvée 2017. Le Prix a été institué par le gouvernement suédois en 2002 sous la condition suivante : les lauréats doivent « embrasser » les valeurs humaines défendues par la « mère » de Fifi Brindacier et de Carlson qui vit sur le toit. Les candidats au prochain Petit Nobel, comme on appelle ce prix, sont 260 et ils sont issus de 60 pays. La Bulgarie figure pour la première fois parmi les nominations – le peintre et illustrateur Luben Zidarov et Julia Spiridonova, scénariste et un des écrivains pour enfants le plus lus et le plus aimé. Nous lui devons plus de 400 scénarios portés à l’écran de BNT, la chaîne de télévision nationale. Les livres pour enfants sont le grand amour de Julia Spiridonova.

„J’ai été très heureuse d’avoir été nominée par la Fondation „Livres pour enfants“ aux côtés de Luben Zidarov. Moi-même j’ai grandi avec ses illustrations de livres pour enfants et la pensée d’être en sa compagnie est très agréable. C’est grâce à lui que j’ai découvert mes livres préférés, les Contes d’Hoffmann, par exemple, et je me souviens qu’enfant, je refusais de lire les livres qu’il n’avait pas illustrés. La concurrence est très forte, nous sommes face à Quentin Blake, l’illustrateur des livres de Roald Dahl. “

La lecture était le passe temps favori de la jeune Julia, mais sa soif de lecture n’était jamais assouvie. Dans les années 80, paraît la collection “Livres des Copains“, qui combe en partie le manque de livres pour ados. C’est le déclic et un grand challenge pour la jeune Julia qui relève le défi : elle commence à écrire des livres pour enfants et le succès ne tarde pas. Dans sa collection pour adolescents nous avons les livres „Tina et demi“, „Comtesse Bathory“, „ Max“.

Julia Spiridonova évoque son dernier roman „Chronos“:

„ Chronos“ est un livre très spécial pour moi ; très différent des trois romans précédents. Tous mes personnages font face à des problèmes énormes. Mais leur combat n’est rien comparé à celui que livre Chronos, le personnage principal - un jeune de 17 ans, génie mathématique, qui est la fierté de son lycée mais qui est aussi un toxicomane grave. C’est un livre d’une sincérité extrême. Je voulais qu’il touche non seulement les jeunes qui lisent, mais aussi les jeunes qui ne lisent pas et aussi les parents. Je voulais qu’il laisse  une trace profonde et qu’il montre l’enfer que vivent les toxicomanes, leur combat de tous les instants, la volonté dont ils doivent faire preuve pour revenir dans le monde des vivants. Pourvu que les parents puissent cerner ce problème dans toute sa complexité“.

Julia Spiridonova l’a bien compris : il ne suffit pas d’éveiller l’intérêt des enfants et des ados pour les livres, il faut essayer de toucher le plus grand nombre de lecteurs. C’est pour cela qu’elle sillonne le pays, rencontre des enfants, initie des projets bénévoles dans le but de révéler l’importance de la lecture qui, avec les années devient une nécessité, une activité dont on ne peut plus se passer. Et à l’intention des tout petits qui ne connaissent pas encore les lettres, la Bibliothèque Municipale de Sofia a mis sur pied un projet au titre alléchant „ Pour ceux qui aiment les contes “, où des bénévoles font la lecture pour les futurs lecteurs. Julia est très peinée par le choix des ouvrages qui sont inclus au programme des écoles n’encourage guère la lecture, mais bien au contraire. 

Qui sont l’écrivain et le personnage préférés  de Julia Spiridonova?

„ Comme je suis une grande lectrice, il m’est difficile de désigner un seul. La grande vedette, la star de mon enfance était et demeure l’indétrônable Astrid Lindgren. C’est la raison pour laquelle la nomination au prix qui porte son nom me rend tellement heureuse. Astrid Lindgren la femme et l’écrivain a été mon  étoile qui m’a guidé tout au long de ma vie. Cet écrivain a fait basculer ma vie au sens propre du terme. Quand j’ai fini de lire „Fifi Brindacier“, je n’en revenais pas, je me demandais comment pouvait on avoir l’idée d’écrire un livre pareil. C’est alors que je me suis mis à rêver de devenir un jour écrivain, d’écrire pour les enfants – la plus géniale profession qui soit“, - dit Yulka, comme l’appellent affectueusement ses fans.

Le 4 avril 2017, on connaîtra le nom du  lauréat du prix Astrid Lidgren au cours d’une cérémonie à la Bibliothèque Nationale de Stockholm.

Version française Roumiana Markova