L’Eglise orthodoxe bulgare marque solennellement la fête de la basilique « Saint Alexandre Nevski » de Sofia. C’est l’occasion de rendre hommage au prince et saint Alexandre Nevski dont les reliques sont jalousement conservées au temple. Aux dires du supérieur de la basilique, l’archimandrite Guérassim, le saint prince a une énorme contribution pour le moral des troupes qui ont combattu dans la guerre russo-turque de libération de la Bulgarie /1877-1878/. Et c’est justement en signe de reconnaissance et de gratitude profonde à l’égard de l’empereur russe Alexandre II que la basilique a été érigée, la décision de lancer le chantier ayant été prise lors de l’Assemblée nationale constituante en 1879 à Tirnovo.
Les fonds sont récoltés par des dons qui affluent de tous les coins du pays. La première pierre est posée à l’époque du prince Alexandre Battenberg le 19 février 1882 et les travaux sont dirigés par l’architecte Alexandre Pomérantzev. La basilique est construite en 8 ans. Ses fresques et icônes sont l’œuvre de 36 peintres et iconographes bulgares et russes. La façade est confiée à des maîtres tailleurs de pierre bulgares et italiens, et ses ornements sont dus au sculpteur Wilhelm Glos. Un architecte bulgare, Yordan Milanov, se joint aussi à l’équipe d’artistes. Et c’est ainsi que voit le jour ce si beau temple de la foi chrétienne, dont les trois coupoles dorées brillent de loin. En 2003, le ministère de la Culture bulgare finance le rafraîchissement des dorures qui resplendissent de tout leur éclat à la grande joie des Sofiotes et des visiteurs de la capitale. La consécration officielle de la basilique a lieu du 12 au 14 septembre 1924, en présence de hauts dignitaires du clergé russe qui célèbrent des messes et des cérémonies. Et si aujourd’hui la basilique est un des temples de la foi chrétienne les plus visités, c’est parce que les Bulgares considèrent qu’en franchissant ses portes, ils viennent aussi remercier Dieu pour la liberté acquise.
Rares sont ceux qui savent qu’entre 1915 et 1920, l’église a porté un autre nom. En effet, après la Première guerre mondiale, la Bulgarie rallie la coalition formée par l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie, faisant front contre la Russie. En octobre 1915, Varna est bombardée et pour riposter, le prince Ferdinand ordonne que tout ce qui, en Bulgarie, touche de près ou de loin à la Russie soit effacé ou supprimé. Et c’est ainsi que la cathédrale « Saint Alexandre Nevski » est rebaptisée « Saints Cyrille et Méthode », qui sont les inventeurs de l’alphabet slave. Heureusement, cette interdiction est levée 5 ans plus tard et l’église retrouve son nom.
Dans quel état se trouve aujourd’hui la plus grande cathédrale des Balkans ? Eléments de réponse avec son supérieur, l’archimandrite Guérassim :
Notre plus gros problème, c’est l’état des fresques qui ont souffert lors des nombreux dégâts des eaux que nous n’avons pas pu prévenir. Il y a beaucoup à faire, surtout du côté de la nef Sud où certaines fresques sont bien endommagées. Bien sûr, cela demande des fonds, et je suis content d’apprendre qu’une commission intergouvernementale a été constituée qui est chargée de la rénovation de la cathédrale. Pour qu’elle retrouve son éclat… J’espère qu’on n’attendra pas longtemps avant que les travaux soient engagés…
Même si l’Eglise orthodoxe bulgare est entrée en possession de la cathédrale, elle ne dispose pas de suffisamment de moyens pour l’entretenir comme il se doit. Surtout que c’est un des fleurons de la capitale qui reçoit chaque jour des milliers de visiteurs. Alors elle compte aussi sur les dons, comme les 20 000 euros offerts par un vieux monsieur du village Baylovo. En 2014, le journaliste Goran Blaguiev et le producteur Nayo Titzine ont tourné un documentaire « Le cœur d’or de Sofia », consacré au 90e anniversaire de la consécration de la cathédrale.
La cathédrale « Alexandre Nevski » est certainement un des fleurons de notre capitale, un lieu incontournable pour les chrétiens, mais aussi et surtout pour les touristes étrangers qui visitent Sofia et qui viennent s’incliner devant l’icône de la Vierge Marie. Sans oublier les voix angéliques des chœurs de la basilique qui accompagnent les offices religieux à différentes heures de la journée. Pour ce qui est de la taille de ce monument, il impressionne par ses dimensions, plus de 3000 m² et une capacité d’accueil de 5000 fidèles.
Récit : Sonia Vasséva
Photos: BTA et BULFOTO
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