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Atanas Atanassov : "Ce n’est pas le terrorisme mais la corruption qui menace le plus la sécurité nationale"

Photo: BGNES

Récemment, lors de la mutinerie des réfugiés à Harmanli, la ministre de l’Intérieur Roumiana Batchvarova a fait des déclarations contradictoires - un jour il y en a, le lendemain il n’y a pas d’informations sur un danger d’attentat terroriste. On continue cependant à se poser la question, si en Bulgarie il existe des risques d’attentat.

Atanas Atanasov est député du parti de droite "Démocrates pour une Bulgarie forte" (DSB), un des fondateurs du Bloc réformateur qui depuis un an est en opposition à la coalition gouvernementale. Entre 1992-1995 il dirige la Direction régionale du Ministère de l’Intérieur à Razgrad, il a été aussi chef de l’Agence nationale « Sécurité ».

Au micro de RBI il nous parle de la situation dans les pays:

« En ce moment, peu d’endroits dans le monde sont réellement surs. La guerre en Syrie, les actes terroristes en Europe et ailleurs montrent que personne n’est à l’abri. Pour ce qui est de la Bulgarie en revanche, je pense que le risque est très faible, car nous ne représentons pas une cible prioritaire pour les groupes djihadistes. Ils s’intéressent à des lieux symboliques qui captent l’attention du public sur le plan global. Même si le risque n’est pas grand, s’il y en a, les institutions bulgares n’ont pas la capacité d’agir de manière préventive ».

Selon A. Atanassov, les services de renseignement sont dirigés par des personnes aux relations clientélistes avec des milieux oligarchiques. Ils ont les mains liées, ce qui a pour conséquence de démotiver les cadres honnêtes, dont le résultat du travail est utilisé pour du trafic d’influence et non pas pour chercher les coupables. C’est pourquoi c’est la corruption et le clientélisme, pas le terrorisme et la radicalisation qui menacent le plus le pays.

« La sécurité nationale est menacée surtout par la corruption et les coupables ne sont pas poursuivis en justice et ne sont pas condamnés. Ce phénomène ronge les institutions, continue le député. Ces deux dernières années il est devenu clair que GERB n’a pas la volonté de combattre la corruption au plus haut niveau de l’Etat. Il apparait que c’est Boyko Borissov lui-même qui attribue « les parts du gâteau » pour reprendre l’expression du plus grand philosophe contemporain Ahmed Dogan, ironise le député au sujet de l’ancien dirigeant du MDL, de formation philosophique. Ces parts proviennent du budget de l’Etat, des Fonds européens et autre argent public que Borissov redistribue dans son cercle d’amis ».

Pour illustrer, A. Atanassov prend l’exemple du Tribunal de première instance de Malko Tarnovo, qui accumule des accusations contre des trafiquants d’origine étrangère, mais aucun Bulgare n'est mis en cause.

« C’est la preuve que les réseaux de passeurs sont protégés par les institutions, à commencer par le Ministère de l’Intérieur. Supposons que ce soit des trafiquants étrangers qui conduisent les migrants jusqu’à notre frontière. De l’autre côté, qui les réceptionne et les charge dans des bus en direction de Sofia et ensuite vers la frontière serbe ? C’est seulement après que la Serbie a envoyé l’armée à sa frontière avec la Bulgarie que les réfugiés dans le Centre de Harmanli ont commencé l’émeute. Car les gens ont payé beaucoup d’argent pour être conduits en Allemagne et pas pour rester ici. Cela veut dire que le réseau de passeurs est très bien organisé et protégé de très haut, à savoir par quelqu’un au ministère de l’Intérieur ».

Atanas Atanassov a évoqué aussi un autre problème qui met la démocratie à l’épreuve : la guerre hybride de l’information.

« Ce sont les services spéciaux russes qui nous font la guerre hybride, en profitant des tensions au Moyen Orient. Ils veulent semer la peur, en jouant sur les sentiments patriotiques et l’amitié traditionnelle entre Russes et Bulgares. Ces manipulations ont pour objectif de décrédibiliser l’OTAN et l’UE. Malheureusement, les institutions ne contrent pas ces attaques y compris avant la démission du gouvernement Borissov. Il y a même des tentatives de se servir de cette guerre hybride pour gagner plus de voix aux prochaines élections ».


Version française : Miladina Monova




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