Les dragons existent et ils peuplent la réalité objective ou subjective…Telle est la conclusion à laquelle arrivent les auteurs d’un ouvrage passionnant sur les dragons et autres créatures légendaires surnaturelles, qui a été présenté à l’Académie bulgare des Sciences. Plus de 400 pages de textes de chansons et de contes, de contes et légendes, de devinettes et dictons, sans oublier les descriptions minutieuses des rituels et pratiques magiques liés à ces gigantesques reptiles…

Vihra Baéva, éminente ethnographe, nous présente cet ouvrage qui nous ouvre les portes du royaume des dragons : 

« Ce livre est le résultat d’un projet établi par une équipe de l’Institut d’ethnographie et de sciences du folklore, en collaboration avec le Musée ethnographique de l’Académie bulgare des Sciences. Nous avons travaillé pendant 3 ans dans un collectif de 13 chercheurs. Nous avons collecté des textes inédits, puisés dans des archives personnelles,  des légendes et des croyances liés à ces reptiles volants géants. Nous avons essayé ensuite d’adapter toute cette information au style d’expression et au langage de notre temps. »

« Le thème du dragon est présent dès l’aube de la science bulgare – poursuit son récit Vihra Baéva. – Cette créature qui représente un reptile gigantesque, toutes ailes déployées et avec des pattes armées de griffes a donné le frisson a plus d’un enfant…Des dragons, on en trouve dans le folklore anecdotique, mais à la différence des serpents et de leur symbolique, les reptiles géants nommés dragons appartiennent qu’au monde imaginaire…Ce qui ne les empêche pas d’être dotés de multiples fonctions, issus du monde souterrain, celui de l’enfer, mais capables de voler dans les airs. Leur tanière est souvent située à proximité des sources d’eau et des puits, dissimulée dans les forêts impénétrables. Je me suis souvent demandée si dans l’esprit de nos anciens, le dragon n’était pas associé à quelque divinité païenne qui a subi l’influence du christianisme pour renaître dans l’inconscient collectif, tel un phœnix… »  

Vous avez certainement remarqué en visitant une église orthodoxe la présence symétrique de dragons /le plus souvent deux/ de part et d’autre de la croix, qui semblent veiller sur elle. Les explications de Vihra Baéva :

« Le christianisme a tendance à diaboliser les dragons qu’il considère comme une incarnation de Satan et un rival des saints, surtout de Saint Georges qui symbolise la lutte contre les forces du Mal. Des dragons, on en retrouve aussi, sur les façades des églises, et encore une fois ils sont considérés comme des gardiens de la chrétienté. »

Le recueil dédié aux dragons évoque aussi le personnage de la dragonne et compagne légitime du dragon. Elle est très fidèle, mais aussi très possessive dans son désir d’amour absolu. Et si elle jette son dévolu sur un être humain, ce dernier meurt. Disons encore que les violentes tempêtes atmosphériques, accompagnées d’orages et d’averses de grêle sont considérées comme des affrontements directs entre dragons et autres forces surnaturelles.

Présenté par Blagorodna Guéorguiéva