Le printemps est arrivé et à Sofia comme ailleurs on entend de nouveau les chants des oiseaux. Mais, curieusement, on ne voit plus autant de moineaux, ces habitants traditionnels des espaces urbains et personnages préférés de tant d’écrivains et artistes bulgares. Avant, on voyait le printemps arriver avec l’image d’un moineau sautillant dans la dernière neige, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, surtout à Sofia. La question de savoir où sont passés les moineaux est en fait très sérieuse, soulignent les activistes de l’Association bulgare de défense des oiseaux. Selon des études scientifiques, durant les 10 dernières années, la population du moineau domestique a baissé de 31%. A cette vitesse d’extinction, il n’y en aura plus du tout dans quelques dizaines d’années et les futures générations d’enfants ne les verront plus que dans les manuels et les romans comme celui de Yordan Raditchkov « Nous, les moineaux ».

Il est évident que la baisse drastique de la population des moineaux en ville est un phénomène révélateur de ce qui se passe autour de nous et il doit nous alarmer sur l’état de l’environnement. Les oiseaux de ville sont l’indicateur des transformations du milieu naturel. Leur seul ennemi naturel ce sont les chats, mais ce ne sont sans doute pas les grands coupables. Pour les ornithologues, c’est une conséquence du bétonnage des villes et du boom dans le secteur du bâtiment qui a dévoré les espaces verts et supprimé beaucoup d’arbres dans la capitale. La pollution d’air est aussi un facteur important que mettent en exergue les ornithologues.

L’Association bulgare de défense des oiseaux vient d’annoncer le départ de la campagne nationale de recensement des moineaux. L’objectif est de faire l’état des lieux sur tout le territoire et d’évaluer les populations dans trois sous-espèces du moineau : le domestique, le friquet et l’espagnol. Tout un chacun peut participer à cette campagne, à condition de s’inscrire sur internet, dans la carte interactive de la Bulgarie et marquer l’endroit où il fera son recensement. La campagne commence le 8 avril à 9 heures du matin, en même temps dans tout le pays et se termine à midi. Le projet est de faire ce recensement chaque année dans la même période et au bout de 3 ans de présenter une analyse des populations et de leur évolution.

Emilia Yankova de l’association pense que ces observations permettront de fournir une analyse fiable et de répondre à la question si effectivement l’espèce est en danger en milieu urbain.

« Nous voulons mobiliser le plus de gens possible et recevoir des données fiables sur le milieu de vie des moineaux, leur préférences et pourquoi ils choisissent certains endroits plus que d’autres. Nous pensons qu’ils désertent les villes du fait du bétonnage, de la pollution et du bruit. Le bruit est un grand ennemi des moineaux et pour faire leurs nids et couver leurs œufs ils cherchent un endroit où ils pourront entendre les gazouillements des petits à distance. A la campagne où il y a aussi de moins en moins de moineaux même si c’est plus calme, la raison serait peut-être l’usage de pesticides dans l’agriculture ».

Les organisateurs du recensement espèrent aussi que grâce aux données recueillies par les participants on pourra en apprendre plus sur les différentes sous-espèces existantes en Bulgarie et qu’en y participant, les gens apprendront eux-mêmes à les distinguer. Sur le site vrabcheta.bg nous pouvons nous préparer en étudiant les caractéristiques des différentes espèces et où les trouver. Par exemple, il n’y en a pas uniquement en hauteur à la montagne. Ce sont des espèces qui vivent depuis 10 mille ans dans les villes, au contact de la société humaine. Nous y sommes habitués, mais nous devons aussi apprendre à les connaitre.

« Quand on va à la rencontre de la nature on devient quelqu’un de meilleur - continue Emilia Yankova. En participant au recensement on apprend aussi beaucoup sur les oiseaux. Les bénévoles vont recevoir en récompense une édition spéciale du roman classique de Yordan Raditchkov „Nous, les moineaux“ qui est distribué spécialement à l’occasion de cette campagne avec l’illustration en couverture d’un moineau solitaire. Ainsi, on met l’accent sur le problème. Nous espérons éveiller la conscience des gens et surtout que les moineaux ne disparaitront pas des villes, comme hélas c’est le cas dans de nombreuses capitales européennes ».

Version française : Miladina Monova