Les résultats des législatives anticipées tenues hier en Bulgarie ne sont pas encore définitifs, mais la liste des gagnants et des perdants est on ne peut plus claire - le parti de centre-droit GERB qui était au pouvoir il y a encore deux mois gagne son pari et remporte haut la main le scrutin, suivi à 5%-6%par le Parti socialiste, un écart beaucoup plus important que celui annoncé avant le vote par les instituts de sondage, qui voyaient les deux éternels rivaux au coude à coude…

GERB a gagné, certes, mais le plus difficile reste à faire, car il doit trouver des alliés pour former un nouveau gouvernement / ce sera le troisième pour Boyko Borissov/, qui garantirait la stabilité de la Bulgarie dans un contexte plus que délicat. Malheureusement, il ne pourra pas compter sur le Bloc réformateur qui a été disqualifié, victime de sa déstructuration volontaire.

Le Parti socialiste a perdu, mais il tire son épingle du jeu, vu que depuis les dernières législatives de 2014, il a doublé ses soutiens, préservant cet élan qu’on avait remarqué à l’occasion de la présidentielle en novembre 2016. Sauf que l’élan de novembre a été brisé par la machine infaillible de GERB…

La coalition nationaliste des « Patriotes unis » devance le MDL des Turcs ethniques et se range à la troisième position. L’écart entre les deux partis est minime, et l’on peut dire que le MDL s’en tire plutôt bien, vu la concurrence du nouveau parti ethnique DOST, qui lui fait ombrage depuis quelques mois.

Fiasco total pour le Bloc réformateur, considéré hier encore comme l’incarnation de la droite pure en Bulgarie, mais qui n’arrive pas à franchir la barre des 4% pour entrer au parlement. Victime de ses déchirements internes, il aurait pu gagner, n’étaient les deux petits partis « Nouvelle république » et « Oui Bulgarie » qui, ont décidé de faire bande à part…

Hier soir, les déclarations à chaud des leaders politiques à l’annonce des résultats ont été plus que prudentes. A commencer par le leader de GERB, Boyko Borissov qui a juste rappelé le leadership confirmé de son parti, qui se doit de former le nouveau gouvernement de la Bulgarie. Et comme le PS, en la personne de sa présidente, Kornélia Ninova, a refusé une coalition avec GERB, Boyko Borissov devra se lancer dès aujourd’hui en quête d’allies pour former le gouvernement de son troisième mandat. Et il faut reconnaître qu’il est rompu à ces négociations inévitables dans le système bulgare de proportionnelle à un tour… Il se tournera donc certainement vers les « Patriotes » et le nouveau parti « Volia », les « Patriotes » ayant déjà l’expérience de gouverner avec lui. Quant au leader du parti VOLIA, Vesselin Maréchki, il a laissé entendre que c’était une option envisageable. Envisageable aussi, pour le leader du MDL, Mustapha Karadaya, qui a mis en avant la stabilité de la Bulgarie, qui pourrait /pourquoi pas ?/ passer par un dialogue avec GERB…

Bien sûr, si GERB ne réussit pas à former un gouvernement, le PS est prêt à tenter ses chances, comme l’a assuré sa présidente Kornélia Ninova. Mais cette hypothèse a l’air peu probable. Quant à nous, il faudra nous armer de patience et espérer que la Bulgarie se dotera d’un nouveau gouvernement avant la fin du mois d’avril.

Version française: Sonia Vasséva