„La harpe – source d’inspiration” tel est le titre du cyclе de masters classes que la professeure Suzanna Klintcharova de la Nouvelle Université Bulgare anime depuis quelques années. Excellente interprète, elle se consacre à la recherche et à la transcription de compositions pour harpe, elle est aussi source intarissable d’inspiration pour ses centaines d’élèves à travers le monde. Suzanna Klintcharova est une musicienne bulgare mondialement connue. Elle mène avec succès une carrière de concertiste et le nombre de ses enregistrements augmente régulièrement. Depuis 1990 elle est professeur de harpe à Paris et mène des masters classes à New York et à Sofia. Elle a été soliste du Tokyo Metropolitan Orchestra, de l’Orchestre National de Belgique, du Philharmonique de Sofia, du Philharmonique de San Francisco et de bien d’autres grands ensembles de musique. Elle s’est produite sur les plus prestigieuses scènes mondiales.

Née dans une famille d’artistes - son père est peintre et sa mère pianiste - elle commence le piano à 5 ans. A 12 ans elle se voit contrainte d’abandonner cet instrument pour des problèmes avec les mains et elle choisit la harpe, dit elle  „envoûtée” par le son merveilleux, par la résonance élégante et par les variantes d’expression illimitées.

Suzanna Klintcharova évoque ses professeurs et l’attitude pour la musique qu’ils lui ont transmise : 

La harpe m’a charmé dès mon premier contact avec elle. Mon expérience avec le piano m’a énormément aidée, mais il faut dire que la technique de la harpe est extrêmement compliquée. Ma grande chance a été d’intégrer la classe de Susanna Mildonian du Conservatoire Royal de Bruxelles, une pédagogue exceptionnelle, capable de se jouer des difficultés pour faire obtenir le son le plus pur. Elle m’a fait connaître Pierre Jamait et c’est auprès de lui que je me suis spécialisée en musique française. C’est lui qui m’a introduite dans l’univers fantastique des compositions ayant écrit pour la harpe - Ravel, Debussy, Fauré, Caplet, il avait interprété leurs œuvres sous leur direction. Il a été lui-même l’élève d’Alphonse Hasselmans, qui a beaucoup fait pour la harpe comme instrument de soliste.

Fidèle à ses maîtres musiciens Suzanna Klintcharova aime dire à ses élèves qu’ils doivent non seulement jouer en virtuoses mais qu’ils ont pour tâche d’inspirer les compositeurs. La harpe étant un instrument aux paramètres techniques contraignants pour la composition. Pour qu’une pièce soit jouable par le harpiste, pour qu’elle puisse faire partie d’un répertoire, il faut l’écrire de manière à la rendre acceptable. Il y a 6 ou 7 ans je me suis vu proposer de conduire des masters classes à la Nouvelle Université Bulgare. Au programme nous avons toujours au moins une œuvre d’artiste contemporain. Cette Université permet de faire des masters classes dans les différentes filières – art dramatique, beaux-arts, cinéma, même les sciences politiques se sont jointes au projet. Il est génial de voir les jeunes ouvrir grand leur esprit à la vie – de cette manière les harpistes verront qu’ils ne sont pas seuls sur scène, les autres pourront se familiariser avec les idées nouvelles et inédites.

Ces dernières années Suzanna Klintcharova donne des récitals aux Etats-Unis, en France et en Bulgarie. Pour les enregistrements, elle fait la part belle aux solos et à la musique de chambre. Elle inclut à son répertoire des œuvres de compositeurs bulgares dont une bonne partie écrites spécialement pour elle.

Mais hélas, on a besoin de plus d’une vie de concertiste pour avoir le temps de jouer tout ce qu’on voudrait – dit en conclusion Suzanna Klintcharova.

Version française Roumiana Markova