Quand tu es né avec une mission à remplir, le destin te porte sur ses ailes afin de t’orienter sur ta seule voie possible.

Agé de 30 ans, Ivan Donev a déjà trouvé sa vocation et est reconnaissant à son destin – début février il s’est vu décerner l’Oscar du meilleur styliste international lors d’une cérémonie à Chicago, alors que vers la mi-mars, il s'est vu décorer de « L’aiguille d’or » meilleur styliste de mode bulgare de l’année, avant de clôturer le 30 mars, la "Sofia Fashion Week 2018" par un défilé de gala.

Bien qu’ayant grandi entouré du chaos de l’atelier de couture de sa mère, le jeune homme de la ville de Rakosvski (sud), rêve de devenir metteur en scène. Grâce à sa rencontre avec une Française du domaine de la mode, il oublie cependant ses rêves enfantins et s’oriente vers la Ville éternelle.

J’étais chorégraphe d’un défilé à Paris et ai vu peu avant le début une robe chiffonnée – se rappelle-t-il le jour qui bouleversa sa vie. – Je dois dire que j’ai toujours contemplé en cachette les robes avant les défilés – j’ai donc trouvé une aiguille et ai commencé à coudre. C’est alors que la dame est arrivée, m’a regardé sévèrement et m’a dit : tu es couturier ? Ce à quoi j’ai répondu que j’avais appris à coudre à l’école, comme tous les autres gosses. La dame m’a observé pendant toute une semaine et le dernier jour m’a donné une carte sur laquelle elle avait écrit de sa propre main : «Tes mains font naître de l’art et cet art ne doit pas être la mode des autres mais ta mode à toi que tu dois montrer au monde ! » 

Cette dame le conseille également à se rendre auprès de la meilleure académie de mode dans le monde – L’Accademia Koefia où il pourra devenir un véritable designer.

Koefia est l’endroit où j’apprends à être un bon styliste et un bon couturier – poursuit Ivan Donev. – Cet endroit t’apprend surtout à peindre et à réfléchir, à être créatif. Tu y es de plus entouré de professeurs dont tu apprends l’histoire de cet art car ils y sont les héros principaux.

A Rome Ivan Donev se heurte cependant à beaucoup de difficultés, il y vit des moments de désespoir en raison du manque de moyens financiers, voire de la famine. Mais au moment le plus critique qu’il y vit et à cause duquel il pense même à renoncer à tout, il gagne d’une loterie l’argent dont il a tellement besoin pour mener à terme ses études à l’académie. Et il a eu tout à fait raison de ce faire car la gloire lui parvient dès l’obtention de son diplôme en 2012 quand il fait son début à Alta Moda à Rome et se voit décerner le prix World of Fashion, ce qui est une reconnaissance exceptionnelle. Suivent des participations dans toutes les semaines de la mode à travers le monde, des centaines de défilés, des primes.

Ma marque déposée et le dos nu – nous dit le designer. – Je trouve que le dos est la partie la plus sexy de la femme et qu’il faut de ce fait y mettre l’accent de manière très délicate. Il y a un certain temps en Italie avait même paru un article intitulé « Le designer qui déshabille les femmes avec élégance ». C’est vrai, les femmes sont habillées mais en même temps la robe est sexy et pas vulgaire.

Selon un cliché, la mode est le miroir de toute la société. En effet, pour être designer, tu dois être du type de Nostradamus étant donné qu’il est nécessaire de créer des produits qui soient d’actualité dans un an, le but étant donc de savoir de quoi la société aura alors besoin. Cela dit, il est très important de se trouver constamment parmi les gens pour sentir leurs nécessités et leurs attentes. Je me sens moi-même heureux car, malgré ma brève expérience, j’ai ce pressentiment pour des années à l’avance.

Version française : Nina Kounova