Jusqu’à la fin du mois de mai, le Palais national de la Culture accueille une grande exposition d’affiches et autres posters à thème social, lanceurs d'alerte et révélateurs de la réalité en Bulgarie et à l’étranger. L’évènement est organisé et parrainé par deux institutions clé en la matière, la Triennale internationale de l’Affiche politique à Mons en Belgique, et la Triennale de l’Affiche scénique à Sofia, en collaboration avec l’association photo The Frisko Collective.

L’exposition présente les affiches récompensées à Mons, mais aussi des chefs d’œuvres de l’histoire de l’affiche bulgare axée sur le social, issus des collections « Affiche-Appel », « Affiche BG- affiche sociale », et des photos emblématiques du The Frisko Collective.

A l’inauguration de l’évènement, le professeur Bojidar Yonov, un des maîtres de l’affiche contemporaine bulgare a déclaré :

Un collègue avait l’habitude de dire : si le tableau exposé ne vous parle pas, il faut l’enlever ! Pour les affiches, il ne s’agit pas de parler, mais de crier, voire hurler, surtout quand il s’agit de dénoncer des tares sociales. A ce titre, l’affiche est certainement l’art le plus concis et concentré, il suffit d’y jeter un simple coup d’œil pour être interpellé… ou pas ! C’est une des raisons pour laquelle la place des affiches est dans la rue, et non pas dans les salles d’exposition…La rue est la mieux placée pour accueillir les affiches dans leur diversité de couleurs et de messages. Une affiche, ce n’est pas un tableau de maître, qu’on peut contempler pendant des heures, c’est un instantané de la vie, un flash !

Il est certes vrai que posters et affiches publicitaires inondent de nos jours les rues des grandes villes, mais les affiches sociales sont, elles aussi, très présentes, surtout quand elles traitent de sujets d’actualité, en l’occurrence les conflits internationaux, les inquiétudes de l’Europe face à l’absence de tolérance, à l’agressivité et à la haine. Et tous ces problèmes et préoccupations, ils sont ressentis en Bulgarie aussi.

Effectivement, les sujets traités sont les mêmes d’un pays à l’autre, même si le manque d’eau en Afrique n’a pas la même acuité en Bulgarie que dans les pays de ce continent. Idem pour le thème du fascisme dont certains pays ont toujours du mal à se défaire, poursuit son récit Bojidar Yonov. -  Car chaque pays a ses propres problèmes sociaux sur lesquels les dessinateurs peuvent s’exprimer librement.

L’affiche a toujours été considérée comme un éveilleur de conscience qui interpelle le spectateur. Les sujets choisis sont toujours à l’ordre du jour, seuls les moyens d’expression changent. Et il n’est pas exclu que des affiches d’il y a des décennies n’aient pas perdu de leur actualité, nous assure Albéna Spassova, une des organisatrices de l’exposition, où l’on remarquera les affiches de Boris Anguélouchev et Assen Stareychinski, très connus en Bulgarie. La « Péréstroïka » d’Assen Stareychinski, par exemple, est une affiche très évocatrice. On y voit un cheval fougueux qui rue dans les brancards, alors que son cavalier regarde dans la direction opposée à sa monture…

Parmi les noms d’artistes étrangers, qui exposent sur le thème de l’affiche sociale, citons ceux de Patrick G. Tombelle et Eric K. Sluis, à l’origine de l’association de photographie „The Frisko Collective”, basée en Belgique et aux Pays-Bas. Une des œuvres d’Eric K. Sluis représente une femme assise sur la statue d’un taureau à Copenhague.

L’exposition d’affiches sociales est aménagée avec le soutien de la Ville de Sofia et de son programme d’évènements culturels. Quant au projet « Affiche BG-affiche sociale » il fait partie du programme culturel de la Présidence bulgare du Conseil de l’Union européenne.

Récit : Sonia Vasséva

Photos: archives des organisateurs