C’est à un voyage dans le passé que Bulgares et étrangers sont conviés, s’ils décident de passer pas le village Manastir, au cœur du massif des Rhodopes. Une plongée dans les traditions ancestrales de nos anciens que les riverains ont réussi à sauvegarder et à perpétuer dans leurs créations artisanales, leur patois local, leurs chants traditionnels et leurs recettes de grand-mère…
Et c’est avec une grande impatience, que tout le monde attend l’ouverture de l’atelier de tissage artisanal « Deux mains, un cœur » qui initiera touristes et visiteurs aux techniques des fils entrelacés ou de trame, qui se transforment sous les mains habiles des tisseuses en des tapis, carpettes, descentes de lits ou autres couvertures, dont les métiers à tisser révèlent progressivement les couleurs et les formes…
Le projet est lancé par l’Association « Nichan » et l’espace de culture du village « Christo Botev », incarnés par deux jeunes gens qui se sont mariés dans le respect des traditions et rituels ancestraux…
Tout a commencé il y a quelques années, lorsque je me suis inscrite à un cours de danses traditionnelles, nous explique Rénéta Guéorguiéva. – Ca m’a fait tout drôle de me voir dans une tenue traditionnelle, mais cela m’a aussi donné l'idée d’explorer les traditions des différentes régions de Bulgarie. Et c’est ainsi que j’ai décidé que je me marierais comme le voulaient les rituels et la cérémonie pratiqués au village Manastir. Et croyais-moi, je ne regrette rien, ce fut un moment inoubliable, fort en émotions, pour mon mari et moi-même, mais aussi pour nos invités. L’idée de l’association n’a pas tardé, et c’est avec une grande joie que nous organisons aujourd’hui des mariages traditionnels, des projets, des ateliers et des projections de films documentaires. Préserver le lien avec nos racines est notre mission, surtout aux moments les plus émouvants de la vie, comme le mariage. Et ce n’est pas par hasard que de plus en plus de couples au 21e siècle, décident de convoler en suivant les rituels du passé…
A l’époque, la future jeune mariée avait le visage entièrement caché derrière un voile rouge, un moment de transition entre le statut de jeune fille et la femme mariée, poursuit son récit Rénéta Guéorguiéva. – Et puis, la famille de la mariée était plutôt triste de devoir se séparer de leur enfant chérie, ce qui n’était pas le cas du côté du futur mari où les réjouissances battaient son plein. Ainsi lorsque, accompagné de ses parents, le futur marié se rendait à la maison de la jeune fille pour l’enlever à sa famille, il devait prouver son amour, en franchissant pas moins de trois obstacles, histoire de montrer qu’il était digne de l'amour de l’élue de son cœur…
De nos jours, le retour aux traditions ancestrales est très tendance, mais souvent honorer l’histoire et les us et coutumes du passé frise le kitch. D’après Rénéta Guéorguiéva, un tel comportement n’a rien à voir avec l’habit ou les attributs plus ou moins "patriotiques". Ce sont les personnes qui se prêtent à ces rituels émouvants qui peuvent sublimer ou gâcher ces moments d’exception…
Récit : Sonia Vasséva
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