Les 26 et 27 octobre, Choumen (Bulgarie du Nord-Est) est à la fête. L’occasion - célébrer le 120e anniversaire du  chœur  „Rodni zvoutzi“ / Sons du pays en français/, une des meilleures formations chorales et des plus récompensées. Au regard de la tradition multiséculaire du chant polyphonique en Europe de l’Ouest, ces 120 années ne sont peut-être pas un âge tellement respectable, mais pour la Bulgarie, elles sont impressionnantes.  Les premières institutions musicales dans le pays font leurs premiers pas au début du 20e siècle et le solfège entre au programme scolaire dans les années 50 du 19e siècle, peu avant sa libération en 1878. Et un autre petit rappel – c’est à Choumen justement, que les élèves chantent pour la première fois en lisant les notes, dirigés par leur jeune instituteur et futur dramaturge Dobri Voynikov, figure de proue de la Renaissance bulgare (fin 18e – début 19e s.)

« Rodni zvoutzi “ est fondé en 1898 comme un chœur d’hommes – revient dans les années son directeur actuel Christo Atanassov. – Le 15 août sont jetés les fondements de la Société de chant éponyme et du chœur, or il faut attendre 1905 pour y accepter des femmes. Le premier directeur du chœur masculin  est Veliko Dukmadjiev, diplômé d’études musicales à Dresde en Allemagne. Lui succèdent plusieurs autres directeurs avec chacun, leur apport et leur empreinte bénéfique sur les choristes. En 1961 la Prof. Vénéta Vitchéva prend la tête du chœur et dirige pendant un demi-siècle une des formations chorales les plus prestigieuses de Bulgarie. Ayant gagné le cœur des mélomanes et de la critique la chorale accumule récompenses et prix prestigieux – Premier Prix au Concours International de chœurs Bela-Bartok - Hongrie, Deuxième prix du „Orlando di Lasso“ - Italie, plaquette d’or des Troubadours latins – Grèce, la liste est longue. Et selon moi, il y a un détail intéressant qu’il faut rappeler, le chœur Rodni zvoutzi n’a jamais interrompu ses répétitions et ses récitals, malgré les crises, les guerres etc. J’ai été un des étudiants de la Prof. Vitchéva et elle m’a énormément appris, mais le plus important sans doute  c’est ne jamais baisser les bras, être fidèle à soi-même, suivre son intuition et continuer dans les pas de tes professeurs.»

A notre fête sont invités des chœurs de l’étranger – de Turquie „la chorale de l’association artistique du district Karsiyaka“ d’Izmir – une chorale mixte accompagnée par un petit orchestre. De Zajecar en Serbie, la chorale de chambre „Lavirint“, de Skopje, la capitale de la Macédoine – la chorale mixte de la Ville „Vardar“. Nous aurons à l’affiche le chœur de chambre de Plovdiv „Ivan Spassov“, le choeur „Jelezni strouni“ de Razgrad, la formation „Yanko Moustakov“ de Svichtov, mais aussi „Dobroudjanski zvoutzi“ de Dobritch, „Fortissimo“ de Bourgas.

Le 26 à 17h 30 sera ouverte au public une exposition qui a réuni tous les prix, affiches, costumes – toutes les collections de nos archives ainsi que des objets personnels et des distinctions attribuées à la Prof. Vénéta Vitchéva. 

Actuellement le chef du choeur Christo Atanassov est doctorant à l’Université de Choumen Constantin-Preslavski. Il dirige Rodni zvoutzi depuis trois ans et marche dans les pas de sa professeure, qui a laissé des traces profondes dans l’art vocal et œuvré au nom de la riche tradition musicale de Choumen. Aux deux concerts de gala monteront sur scène aux côtés des chanteurs de „Rodni zvoutzi“ la chorale enfantine „Bodra Pessen“ – créée et dirigée de longues années durant par la Prof. Vitchéva et par Denitza Ouzounova qui lui a succédé. 

« Nous avons commencé à travailler ensemble en 1991, lorsque j’ai été admise comme choriste à „Rodni zvoutzi“ – dit Dénitza. – La même année je suis sortie de la première promotion de Pédagogie de la musique de l’Université de Choumen. La création de cette spécialité est due elle aussi à l’énergie infatigable de la Prof. Vitchéva. J’étais encore étudiante quand elle m’a invité à devenir maître de chœur de „Rodni zvoutzi“ et  „Bodra Pessen“. Les deux chœurs avaient leurs répétitions dans la même salle, se produisaient ensemble en concert et la continuité n’en était que plus naturelle – les choristes de „Bodra Pessen“ grandissent et se joignent à ceux de „Rodni zvoutzi. “ Nous avons plein de souvenirs grâce à la musique. Aujourd’hui encore nous allons de l’avant – nous rendons hommage à l’œuvre de notre enseignante, mais aussi en regardant vers l’avenir afin de sauvegarder et pérenniser les merveilleuses traditions du chant choral profondément enracinées dans notre ville. »

Version française : Roumiana Markova