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Jouer avec le violoniste Peter Deltchev est une expérience sublime

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Photo: archives

Il y a cinquante ans, le violoniste bulgare Peter Deltchev réussit un doublé en remportant le 4e prix au prestigieux concours international de violonistes  Niccolo Paganini de Gênes. La première fois c’était un an auparavant à ce même concours. Comme il n’avait que 17 ans, il devait montrer patte blanche, une autorisation spéciale lui permettant d’y être admis. Et puisque nous parlons de ce concours d’exception, il serait bien de rappeler que les violonistes bulgares qui avaient jusqu’alors réussi à trouver une place parmi les lauréats se comptaient sur les doigts d’une main. En 1961, Emil Kamilarov, (âgé de 33 ans) arrive en première place, en 1970, Mintcho Mintchev (il avait 20 ans à peine) décroche la deuxième place. Vania Milanova, Gueorgui Tilev, Vasko Vassilev se sont distingués eux aussi au concours pour violonistes de Gênes, mais Peter Deltchev est le seul Bulgare à y avoir brillé à deux reprises, et qui plus est, il n’avait même pas vingt ans.


A cette occasion, au Club de la culture Vazrajdané -1935 a eu lieu une rencontre au cours de laquelle Krassimir Deltchev, frère du violoniste prodige est revenu sur la carrière relativement brève de Peter, mais qui n’en est pas moins une suite de récompenses et de prix plus prestigieux les uns que les autres. Il y a des années, le talentueux violoniste s’est retiré de la vie professionnelle pour des raisons de santé et il vit en Allemagne. Après une courte pause, il reprend le chemin des studios pour l’album „Le violon qui pleure“, son chant du cygne. La Radio nationale bulgare a produit ces enregistrements qui ont été faits au Grand auditorium de la Radio. A la rencontre au Club de la culture „Vazrajdané – 1935 “ ont résonné des extraits du Violon qui pleure ainsi que des interprétations d’Agop Manikian à la violoncelle et Ani Tochkova au piano. La pianiste Ani Tochkova, qui avait accompagné de longues années le jeune violoniste Peter Deltchev a avoué garder des souvenirs émouvants de sa collaboration avec le jeune prodige, c’était pour elle une expérience unique, selon ses propres mots.  Et Mario Anguelov, le compositeur de la partie pour instruments à clavier du Violon qui pleure revient à l’histoire de l’album :


« En 2003, je faisais partie d’un groupe de musiciens du Symphonique de la RNB,  à faire le déplacement en Allemagne pour un projet. Un soir, on nous a emmenés dans un restaurant, qui appartenait à l’épouse de Peter Deltchev – immense violoniste bulgare, musicien d’exception. Il vit depuis longtemps à l’étranger, il a fait une carrière internationale. Au restaurant il y avait un splendide piano à queue blanc. On terminait de dîner et on a vu entrer un homme aux cheveux blonds, de haute taille, arborant un grand sourire confiant et naturel.  Et maintenant avec le temps je me l’explique – cet homme était Peter Deltchev et tout simplement il avait une envie irrésistible de jouer avec quelqu’un, puisque cela faisait un bail qu’il n’en avait pas eu l’occasion de le faire. Outre le violon, il avait apporté une grande valise pleine de partitions qu’il sortait au hasard, plaçait sur le piano et moi, je jouais à prima vista. Le répertoire datait de „l’âge d’or“ de la musique dite de salon, des pièces populaires  – du Gershwin, des czardas… Je n’avais jamais tâté de ce genre auparavant, probablement  à cause de la formation classique que j’avais reçue. Le car qui devait nous prendre repartit avec le gros du groupe, on est resté quelques collègues dont le producteur de la Radio Vladimir Christozov et un autre collègue. Avec Peter on a joué jusqu’à l’aube. A notre retour à Sofia, le producteur Vladimir Christozov a arrangé pour faire des enregistrements à la radio nationale. Avec Peter on a fait une petite mise au point avant d’entrer en studio et nous avons réussi un tour de force – enregistrer toutes les pièces de l’album en deux séances. La semaine passée, à la rencontre organisée par le frère de Peter, pour rappeler son glorieux doublé au concours Paganini de Gênes j’ai pu écouter pour la première fois la musique que nous avons enregistrée. Les souvenirs refluaient dans ma tête et mon cœur, des souvenirs merveilleux, uniques. J’ai aussi appris des tas de choses sur lui – ce musicien incroyable au toucher divin s’était construit en tant que professionnel seulement et uniquement en Bulgarie, grâce à son professeur Konstantin Zidarov.


Et encore une chose, qui m’avait  frappé là- bas à Cologne et que je revoyais au concert de commémoration – on dirait qu’il joue sans même toucher les cordes de l’instrument. Il joue avec une aisance, une légèreté, une élégance exquise et une exactitude d’intonation peu communes. Je n’ai plus eu l’occasion de le revoir, j’avais oublié le CD, mais cette rencontre et le petit concert m’ont rappelé la beauté et la finesse de ses interprétations. Et je voudrais qu’on rappelle les grands moments de sa carrière, malgré l’écart des années. Il mérite beaucoup plus de reconnaissance, je dirais que pour nous c’est un devoir de mémoire.

Version française : Roumiana Markova



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