Le 7 janvier nous rendons hommage à Saint Jean Baptiste appelé encore Jean le Précurseur - cousin et précurseur du Christ. Devenu adulte, Jean commence à précher et à pratiquer le « baptême pour la rémission des péchés » par immersion dans l'eau du Jourdain. Il baptise le Christ et c’est ce grand événement, appelé Epiphanie ou Théophanie que la chrétienté célèbre le 6 janvier. Saint Jean est décapité sur ordre d’Hérode, car il lui a reproché de prendre la femme de son frère Hérodiade, qui, selon l’Evangile aurait demandé sa tête. Et encore, selon la tradition populaire le 6 janvier prennent fin les Jours dits sales – après les rituels de purification pratiqués et les bons vœux exprimés lors des fêtes de Noël et du Nouvel An, survient le chaos et c’est à la Théophanie que l’harmonie cosmique reprend ses droits, c’est le nouveau départ, ce qui fait que la Théophanie, la Saint-Jean et Babinden (la fête des sages-femmes célébrée le 8 janvier) sont des célébrations intimement liées. A chacune d’elles est pratiquée la rituelle immersion dans l’eau et l’aspersion. A l’Epiphanie le prêtre lance la croix dans un lac ou une rivière et les jeunes gens plongent dans l’eau glacée pour la retirer.
A la Saint-Jean c’est au tour de ceux qui portent le nom du saint de „prendre un bain pour avoir la santé “. Sont baignées également les jeunes mariées et les fiancées toutes fraîches – d’où le nom de cette fête dans certaines régions – „Les eaux féminines“. Jadis, des gars costauds se chargeaient d’accomplir la baignade rituelle (dans certains cas, de bon gré ou quelque part de force ) et baignaient non seulement tous les Jean, mais s’en prenaient aussi en toute impunité aux riches, voire même aux beys et autres pachas du temps de la domination ottomane.
Dans la tradition bulgare la Saint-Jean est la fête des compagnons et des compères, et à une époque plus proche – des amis. La légende disait que lorsque le bon Dieu avait partagé le monde, à St Jean avait échu la mission „de baptiser la terre ferme et l’eau, les jeunes mariées et les petits enfants“. Autrefois en ce jour chaque famille bulgare faisait la fête. Les témoins de mariage accomplissaient le rituel envers les couples qu’ils avaient mariés, en les aspergeant d’eau fraîche. Les jeunes couples à leur tour, étaient tenus d’honorer leurs témoins de mariage en leur rendant visite et en leur apportant des présents – brioches, pains rituels, feuilletés, vin et eau-de-vie. En ce jour on pratiquait le rituel du compagnonnage et après avoir fraternisé on faisait la fête avec ses confrères et consoeurs.
Et pour revenir aux croyances populaires, en partageant le monde le bon Dieu avait chargé Saint Jean du rôle de parrain, il fallait qu’il règne un froid glacial et qu’il neige abondamment pour que les hommes et les animaux de la ferme aient la santé toute l’année. C’est après la Théophanie et la Saint Jean qu’on voyait marieurs et marieuses tourner autour des familles ayant des jeunes à entrer en ménage, parce que les mariages étaient autorisés jusqu’à l’entrée dans le grand Carême. A la St Jean prennent fin les fêtes des masques – les compagnies de jeunes gars - kolédari - qui font le tour des maisons à Noël et au Nouvel an. Dans certaines régions de Bulgarie, la tradition veut qu’ils accompagnent leur „roi“ à la fontaine pour lui faire rendre un bain de santé et de jouvence.
A l’issue de la cérémonie, le roi invite les kolédari à un banquet et les agapes se terminent par une ronde joyeuse à laquelle prend part toute l’assistance. C’est ainsi que se clôt le cycle des rituels de Noël.
La conversion au christianisme se reflète dans les chants folkloriques festifs. Certains racontent comment la Mère de Dieu part, son nouveau-né dans les bras, lui chercher un parrain et St Jean lui donne le baptême. Au moment où il présente l’enfant divin aux eaux du Jourdain on voit son fond prendre des reflets dorés et ses rives briller tout argentées. Symbole de prospérité et de plénitude pour la nouvelle année, l’or et l’argent „brillent“ aussi dans un autre air traditionnel que l’on chantait autrefois à la Théophanie et à la St Jean.
Un arbre s’élance haut dans le ciel bleu.
Ses branches sont blanc argent,
Ses feuilles, vieil or sans prix,
Tout parsemées d’abeilles dorées.
L’arbre élancé - Saint Jean lui-même.
Feuilles argentées – saintes icônes,
Abeilles dorées – chrétiens fidèles.
Babinden, (fête des sages-femmes) est la dernière des trois fêtes qui met à l’honneur les grands-mères, qui aidaient les jeunes mamans à donner le jour, les nouveau-nés et qui célèbre le miracle de la vie nouvelle. Lors de l’adoption du calendrier grégorien nous sommes témoin d’un phénomène curieux autour de la fête Babinden. D’après les chroniques, le Pape Grégoire XIII établit le „calendrier nouveau“ en 1582, calendrier adopté peu après par la plupart des pays d’Europe de l‘Ouest. Les chrétiens de rite byzantin, eux, l’adoptent au début du ХХe siècle. En 1916, l’Etat bulgare se conforme au nouveau calendrier et l’Eglise orthodoxe bulgare le fait en 1968. Résultat – les fêtes religieuses font un bond en avant, elles avancent de 14 jours de même que les coutumes folkloriques, laïcisées. Selon le calendrier julien la Théophanie était fêtée le 19 janvier, et voilà qu’elle est avancée au 6 janvier, suivie par la Saint Jean le 7 janvier. Quant à Babinden, fête païenne de par son essence, sans analogie dans l’éphéméride, du 21 janvier elle passe au 8 janvier, parce que dans l’esprit des Bulgares elle fait partie indissociable du tryptique festif. Et comme les Bulgares aiment bien faire la fête, ils s’y prennent à deux fois pour célébrer les trois événements – selon l’ancien calendrier et selon le nouveau. Ainsi rien ne se perd dans la nature.
Version française Roumiana Markova
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