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SOURVA, le rituel de début d’année qui purifie le corps et l’esprit…


Depuis 2015, l’UNESCO a inclus dans la Liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO la fête folklorique bulgare « Sourva » et le festival populaire « Sourva » dans la région de Pernik. « Sourva » est un ancien rituel païen pour chasser les mauvais esprits et se purifier pour une nouvelle vie. Les célébrations ont lieu en janvier, quand on marque, avec beaucoup de musique et de danses folkloriques, le début de la Nouvelle Année, le triomphe de l'énergie humaine créative et l’espoir d'une année encore plus fertile et saine.


« Janvier est SOURVA », se plaisent à dire les habitants de Pernik, située à une vingtaine de kilomètres de Sofia, qui préparent chaque année le Festival international des jeux de masques SOURVA, dont la 28e édition accueillera cette année plus de 7500 participants. Arborant leurs masques typiques des différentes régions du pays, 102 groupes arriveront à Pernik auxquels s’ajouteront 19 groupes étrangers de Macédoine, Russie, Portugal, Italie, Serbie, Roumanie, Slovénie, Turquie et Grèce. Sans oublier les enfants qui deviennent de plus en plus nombreux à défiler avec leurs masques originaux…


Le rituel „SOURVA” figure dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO aux côtés dеs phénoménales « Mamies de Bistritsa », de la Danse sur la braise et des Tapis de Tchiprovtsi. Il est pratiqué à la mi-janvier et rassemble des hommes masqués qui défilent au son de la musique. Et l’on voit se déchaîner dans leur danse folle des créatures moitié hommes-moitié bêtes de 5m de haut qui courent dans tous les sens…Des monstres couverts de poils, brandissant des bâtons en bois comme des sabres, qui se jettent les uns sur les autres dans un vacarme étourdissant de cloches et de sonnailles…


Ludmil Yordanov, qui appartient à la troisième génération de gardiens de la tradition, rappelle que dans sa région, les danseurs masqués sont appelés koukéri, mais que cette dénomination varie selon les régions…D’ailleurs, elles sont nombreuses les thèses et hypothèses sur l’origine du mot sourva et des rites qui y sont associés. Certains linguistes y voient un rapport avec le qualificatif sour qui désignerait la couleur grise ou blanc cassé, d’autres au contraire font référence au terme sanscrit souria qui signifie soleil. Dans la tradition de nos anciens, le qualificatif sour est souvent donné à des personnages mythiques, tels le cerf, le dragon, l’ours, les oiseaux rapaces ou encore le buffle.

Ludmil Yordanov

Depuis des siècles, le rituel SOURVA se transmet de père en fils et Ludmil Yordanov se souvient de sa première fois, il avait à peine 3 ans, en 1993, lorsqu’il a accompagné son frère de 7 ans et son père pour son initiation. Quant aux masques, les préparatifs de leur confection commence des mois avant le grand jour :

Les tenues de l’année passée sont enrichies d’élements nouveaux et l’on passe beaucoup de temps à fabriquer les masques. Le groupe se réunit dans ce qu’on appelle le « local des ours », qui est l’atelier de conception des costumes et des masques. La plupart des masques représentent une construction en bois sur laquelle sont collés des morceaux de peaux de chèvre, de tissu, des éclats de miroirs.


Certains masques font froid dans le dos. Et ils ne doivent pâs être dévoilés pour ne pas perdre leur pouvoir magique.

Ma famille utilise le bois du saule pourpre  /Salix purpuree/ qui est plus léger et robuste. Le masque est recouvert de peau et représente des animaux tels que le taureau, le bélier ou la chèvre. D’autres, conçus en hauteur, telles des coiffes, sont ornés de corbeaux empaillés, toutes ailes déployées. Il n’est pas rare de croiser des masques à 2 visages – le premier gentil et rassurant et le second hideux et agressif. Ils symbolisent la dualité de la nature de l'homme, l’éternel combat entre le Bien et le Mal. Les couleurs prédominant sont le rouge /pour le soleil, le feu et le renouveau), le blanc /symbole de l'eau et de la lumière/ et le noir qui est la couleur de la terre. Je tiens à souligner que le rituel des koukeri n’est pas accompli par des barbares, qui tuent les animaux.


Fabriquer un costume ou un masque est à la portée de tous, il suffit d’en avoir envie et d’y mettre du cœur. Tel est l’avis de Ludmil Yordanov qui tient à souligner l’importance de la couleur rouge censée chasser les mauvais esprits.

Le rituel Sourva est chargé de symboles. Et tout le monde attend avec impatience le passage des hommes masqués au son tonitruant de leurs sonnailles, qui font fuir le Malin, et apportent santé, prospérité et richesse…


Tôt le matin, notre groupe se forme et commence la tournée des maisons, dit encore Ludmil Yordanov. – Après avoir béni toutes les familles, nous arrivons pour la dernière dense rituelle sur la grand ’place qui met un terme à la fête, après quoi tout le monde se réunit autour d’un grand festin, obligatoire pour la région de Pernik…


Disons pour conclure que la tradition des jeux masqués à Pernik date de 1966, avant de devenir un festival national puis international depuis 1985. Pernik est membre de la Fédération des villes européennes de carnaval et en 2009, la ville est proclamée Capitale des jeux masqués d’Europe. Rendez-vous donc le week-end du 25 au 27 janvier pour le traditionnel défilé des masques de Bulgarie et des Balkans.

Récit : Sonia Vasséva

Photos: archives personelles et BTA

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