La Nuit de Noël est la célébration bulgare de l’humilité, la gratitude et l’espoir. Quelle que soit l’année que nous avons vécue, année de bonheurs ou de déchirements, le mois de décembre arrive toujours avec son enchaînement de fêtes et réjouissances, qui nous entraînent presque malgré nous dans un tourbillon de guirlandes et de cadeaux dont on a du mal à s’extirper…Tout le monde pense Noël, tout le monde parle Noël, et tout le monde prépare soigneusement le Réveillon de la Nativité du Christ, dans le strict respect des rites chrétiens et des coutumes familiales…
Rares sont ceux qui savent que dans la région de Sofia et dans toute la Bulgarie du Nord, on appelait Petit Noël le 24 décembre, car comme on le sait les douleurs de l’accouchement de la mère de Jésus commencent à la Saint Ignace, le 20 décembre pour que la nativité soit annoncée au monde entier le 25 décembre, lorsque sages-femmes et autres femmes du village sont conviées à déguster la galette de la Vierge. A ce propos, en cette journée festive, la coutume voulait que des petits chanteurs de Noël entre 8 et 12 ans / à ne pas confondre avec les groupes de chanteurs de Noël dans la nuit du Réveillon /annoncent en avant-première la venue au monde du Christ.
La force purificatrice du feu, l’énergie saine du pain, la présence emblématique de tout ce que la terre a généreusement produit et qui se retrouve sur la table du Réveillon, autant de symboles de notre passé qui ont traversé intacts les époques et que nous nous réjouissons de ressusciter chaque 24 décembre, car ils font partie de notre histoire, de notre identité…Il s’agit d’une réminiscence du culte du Soleil, répandu en terres bulgares bien avant la création de l’Etat bulgare.
Après la conversion des Bulgares au christianisme, la plus grande de leurs fêtes, associée au solstice d’hiver, le 22 décembre, est transformée en Jour de la Nativité du Christ. Rappelons que c’est en l’an 334, sous le pontificat de l’évêque Libère, que la fête de l’incarnation du Sauveur est officialisée. C’est à cette occasion, que l’évêque a rassemblé les chrétiens dans la basilique nouvellement construite au Vatican. Quant au culte du Soleil, il est repris dans un grand nombre de symboles toujours vivants, notamment le cercle, figure géométrique associée au Soleil et à la Terre, aux forces vives de la nature et à la fertilité.
Le festin du Réveillon de Noël, est un moment hautement symbolique et fédérateur dans la vie des familles bulgares. Il fut un temps, où on se réunissait autour d’une couche de paille, étalée à même le sol et les nombreux plats confectionnés étaient posés au plus près de la terre. Surtout que les ingrédients qui les constituent proviennent tous de la terre. N’oublions pas que le 24 décembre est le dernier jour du carême de 40 jours précédant la Nativité du Christ. Et les plats sont en nombre impair 7, 9, 11, une inévitable analogie avec les 13 desserts de Noël en Provence avec les fruits secs, la grosse miche de pain à la place de la fougasse, et tous les fruits et légumes de la terre : pommes, poires, haricots, poivrons, chou, blé cuit, mais aussi leurs dérivés spiritueux – le marc de raisin, le vin rouge…Qu’on soit riche ou pauvre, le soir du Réveillon de Noël, la table doit crouler sous les mets les plus variés. Et l’on s’y prépare deux jours à l’avance.
Évidemment, c’est le pain, qui en l’occurrence est une grosse miche ou tourte pétrie à la main qui trône sur la table et qui donne le ton à cette soirée de recueillement et de ferveur… D’après la mythologie de nos anciens, reflétée dans les légendes et les us et coutumes, le Soleil nouveau-né descend du ciel et va se poser dans la couronne de l’Arbre universel, pour insuffler vie et rétablir l’harmonie sur terre. Nos anciens disaient encore que dans la nuit du Réveillon de Noël, le ciel s’ouvrait, les frontières s’estompaient progressivement pour laisser s’installer une période de transition, un véritable entre-deux, animé par la foi en les forces du bien et le respect des règles de bienséance censées rétablir l’harmonie sur terre…
Le Jeune Dieu est par la suite identifié à Jésus-Christ mis au monde par la Vierge Marie, qui aurait dit aux anges l’assistant lors de l’accouchement de prendre une gourde en or, la remplir de vin rouge et inviter un saint pour devenir le parrain du nouveau-né. Et le premier qui se présenta à eux fut Saint Nicolas, qui tentait d’apaiser la tempête en plein mer. Ils lui demandèrent de les suivre pour baptiser l’enfant Jésus, mais il répondit : Le Jeune Dieu brûle comme le feu, face à lui, je ne suis qu’une poignée de paille ! Les anges poursuivirent leur chemin en passant par Saint Basile, jusqu’à se retrouver devant Saint Jean Baptiste, qui donna son accord pour baptiser le futur Sauveur, qu’il plongea dans les eaux du fleuve Jourdain. Et à peine le corps de l’enfant toucha-t-il l’eau, que celle-ci se couvrit d’or, et que les rives de la rivière se teintèrent d’argent
A minuit, le monde entier annonce la naissance de l’enfant Jésus, célébrée par un pain en forme de croissant de lune et une carafe de vin, dans l’attente des fameux chanteurs de Noël qui font le tour des maisons qui reçoivent leur bénédiction. Cette coutume est encore vivante dans certaines régions de Bulgarie, surtout à la campagne. Elle est porteuse de santé, générosité et bonheur tout au long de l’année qui pointe déjà son nez.
De nos jours les Bulgares restent toujours fidèles aux traditions. Et même si certains vivent à l’étranger, ils préparent quand même le Réveillon de Noël à la bulgare. Car c’est une année qui s’en va et c’est la suivante qui commence, avec encore plus d’espoirs et de rêves à réaliser. Encore plus d’occasions d’aimer et de se sentir aimé…
Joyeuses fêtes à tous !
Récit : Sonia Vasséva
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