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Valentina et Christian ou la reconversion d’un couple de fashion models dans l’agriculture bio

| Modifié le 20/01/20 à 14:39




Des podiums et du glamour des défilés de mode à la bio ferme au village Akandjievo, un parcours à l’envers, diriez-vous. Vu de l’extérieur, le destin avait comblé Valentina Dimitrova et Christian Vassilev - présenter les plus belles créations des gourous de la mode sous les crépitements des flashes des photographes, rencontrer l’amour de sa vie à l’autre bout du monde et à un moment … revenir au pays, guidés par l’ardeur des dilettantes, ardeur rapidement douchée par la rude réalité mais conserver intacte la foi du charbonnier dans l’avenir radieux.

Ils n’ont jamais rêvé de défiler sur les podiums, pourtant le hasard les met sur la route des chasseurs de visages dans la mode. A l’époque, Christian est étudiant dans une université en Allemagne et Valentina caissière dans une grande surface aux Etats-Unis, en attendant de réaliser son rêve, décrocher son diplôme d’infirmière.

Et aujourd’hui, dix ans plus tard ils prennent la pose pour les magazines sur papier glacé, défilent sur les podiums et en plus ils ont toujours hâte de retrousser les manches pour biner, arracher les mauvaises herbes et récolter les fruits qu’ils ont fait pousser de leurs propres mains.

Valentina et Christian font connaissance à une session de photos à Hong-Kong en 2010 et très vite s’unissent pour la vie. Et c’est à New York, où ils se sont installés que voit le jour l’idée de créer leur ferme et produire des aliments sains. Un coup dur dans la famille précipite leur retour au pays et  le couple s’installe à Akandjievo le village natal de Valentina. Et les voilà devenus producteurs de fruits et légumes de saison en serres sur une superficie de 0,15 ha. En outre les maraîchers enthousiastes s’activent sur 0,3 ha de vergers, 0,6 ha de vignobles et 4 ha de champs semés d’épeautre. Ils font venir du Vermont aux Etats-Unis les semences pour les légumes, le reste provient de variétés traditionnelles locales conservées et cultivées depuis des générations dans leur famille.


Les engrais chimiques sont tabou pour ces fermiers bio qui misent entièrement sur les recettes traditionnelles – ils améliorent les sols avec de l’humus bio, combattent les parasites et autres insectes nuisibles en appliquant des mixtures à base d’orties et autres infusions, décoctions et préparations à base d’herbes. Il leur arrive de perdre quelques rounds dans ce combat sans fin, pourtant ils ne lâchent rien, leur but est de cueillir et consommer des fruits et légumes dont ils connaissent l’origine et l’excellente qualité.

« Si il y a huit ans on m’avait proposé d’investir en Bulgarie, j’aurais ri de bon coeur – avoue Christian. – Mais au bout d’un certain temps il s’est opéré un revirement radical dans mon esprit, il y a eu un déclic, et aussi parce que j’avais toujours gardé le contact avec le pays. Il m’est arrivé même parfois de voir rouge en entendant ressasser l’idée reçue comme quoi tout ici est plombé, rien ne peut aboutir, on est le pays le plus corrompu, le plus pauvre et je les ai pris au mot – j’ai voulu démontrer que le contraire était possible, faire de mon mieux pour réfuter toutes ces assertions. Fort heureusement ma femme m’a soutenu dans ce projet et je voudrais croire que toujours plus de jeunes Bulgares suivront notre exemple. »

Et bien qu’immergés dans l’agriculture bio, Valentina et Christian doivent continuer de temps en temps à honorer leurs contrats de models pour financer leur passion de maraîchers.

« J’avais de grands espoirs que les programmes européens amèneraient les changements tellement attendus en Bulgarie – dit Christian. – Et maintenant je vois combien j’ai été naïf. En 2017, on a postulé pour des aides destinées à bâtir un édifice abritant des bureaux et des entrepôts, pour que les clients puissent charger et emporter les produits. Tout le reste on l’avait déjà fait tout seuls et je peux vous dire que nous avons investi nos propres fonds, des sommes énormes. Et bien sûr, on a été déboutés. On était déçu des règles de sélection et d’approbation des projets, des milles obstacles dressés sur le chemin des candidats. Je suis sûr que le bon candidat est celui qui donne l’enveloppe la mieux garnie et personne ne peut me persuader du contraire. Et aussi que les bénéficiaires des aides européennes ne sont pas particulièrement regardants sur la qualité et les normes à respecter, d’ailleurs les gens qui travaillent comme nous sont dégoûtés eux aussi. Jamais ils ne s’embarqueront dans cette aventure, nous non plus d’ailleurs quand je pense au temps, aux illusions et à l’argent perdu… »

Christian évoque aussi sa déception de l’accueil que leur ont réservé les gens du village, leur refus de participer à leur projet, leurs préjugés. Heureusement qu’il y avait les jeunes de la famille et des bénévoles étrangers qui ont travaillé dur. Et aujourd’hui,  Valentina et Christian sont heureux d’élever leurs deux enfants sur la ferme bio, qu’ils peuvent leur donner le meilleur cadre de vie qui soit  - une nourriture saine, un air pur et plein d’amour. 

« Des amis de l’étranger me moquent gentiment en me disant que je suis naïf avec mes idées de toujours positiver, mais je suis sûr que les choses changent en mieux, l’avenir sera meilleur – poursuit Christian. – Et ce qui me conforte dans mon optimisme ce sont nos clients – ils viennent pour la plupart de l’étranger, ce sont des jeunes gens bons, qui ont réussi leur vie. Et ce sont eux l’avenir de la Bulgarie qui viendra j’en suis convaincu malgré toutes ces années difficiles et sombres que nous avons vécues. Et comme tout a une fin, je demande aux gens de croire, de donner le bon exemple, de ne pas attendre que quelqu’un d’autre fasse le travail à leur place. »

Version française : Roumiana Markova

Photos: archives personnelles


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