Selon des données démographiques rendues publiques par l’Institut national de la Statistique, à la fin de l’année dernière dans 23% des agglomérations en Bulgarie vivaient entre 1 et 49 personnes. La région de VélikoTarnovo se range en 2e position dans le pays pour le nombre de villages désertifiés. C’est exactement dans un tel village qu’habite Tsana Tsviatkova – l’héroïne du reportage de Zdravka Maslyankova – correspondante de la RNB dans la région. Par téléphone, qui souvent est l’unique possibilité d'échange pour les habitants du village Goranovsti, notre correspondante s’est entretenue avec l’unique habitante du village – TsanaTsviatkova, âgée de 73 ans. Le destin de cette femme qui pendant le confinement décrété en raison de la pandémie du Covid-19 se trouvait en isolement total, sans avoir quelconque accès avec ses proches et les services sociaux, a touché l’une des lectrices de la page web de la RNB en langue anglaise.

Une Écossaise du Royaume Uni n’est pas restée indifférente au destin de la Bulgare vivant toute seule et isolée qui subvient à ses besoins uniquement grâce à sa pension de retraite de 59 euros et compte surtout sur les légumes qu’elle cultive dans le jardin de sa maison. Pour cette Ecossaise cette volonté de vivre seule, en haut dans la montagne, est digne d’admiration et d’une grande estime. Elle-même, elle connaît très bien l’atmosphère dans les villages bulgares car ayant visité pour la première fois le pays en 2007 et habitant actuellement dans le village Général Tochévo, en Bulgarie du nord-est.

La lectrice du site de Radio Bulgarie décide d’envoyer à Tsana Tsviatkova un colis avec des gâteaux et d’autres produits alimentaires par le biais d’une société postale express qui déclare cependant ne pas pouvoir accéder au quartier de Tsana. L’Ecossaise ne se sent toutefois pas découragée et appelle nos collègues de la section anglaise de Radio Bulgarie. Ceux-ci prennent très à cœur l’idée de leur correspondante écossaise et s’engagent à l’aider à envoyer ces produits à Tsana Tsviatkova. Et ils réussissent, grâce à la coopération de leurs collègues de la RNB ZdravkaMaslyankova et Albéna Mirochnikova. Grâce à des efforts communs, Tsana Tsviatkova a déjà reçu ce « message du bien » qu’une étrangère inconnue lui transmet par le bais de l’équipe de la RNB. La donatrice qui souhaite garder l'anonymat nous a montré qu’il n’est pas nécessaire de disposer de beaucoup de moyens pour compatir et inspirer du courage à une femme seule dans des temps difficiles.

Ce geste touchant a une nouvelle fois attiré notre attention sur les gros problèmes que rencontrent les habitants des villages désertifiés. C’est l’adjoint au maire du village Raïkovtsi, Petyo Koev qui accepte de remettre le colis à sa destinatrice. Il fait également partie des héros invisibles d’aujourd’hui, des personnes qui font tout leur possible pour que les gens en isolement social ne manquent de rien.

Les gestes barrières qu’exige la pandémie du Covid-19 provoque l’arrêt total des bus qui normalement passent par les villages de la région de Véliko Tarnovo. Alors, c’est le maire qui se charge de livrer dans sa propre voiture du pain, des médicaments et tout ce dont ont besoins les habitants des villages désertifiés.

C’est une triste histoire, les problèmes démographiques apparaissent dès les années 60 du siècle dernier –nous dit Petyo Koev qui assume ces fonctions depuis 25 ans. – Au milieu du siècle dernier au village Raïkovtsi et aux 22 hameaux annexes vivaient 2300 personnes. Quand je suis devenu maire du village, seuls 16 quartiers étaient restés avec au total 115 habitants. Actuellement nous sommes à peine 25 personnes.

L’état d’urgence n’a pas vraiment eu de sérieux impact sur notre train de vie. Nous suivons le même rythme – déclare Pétyo Koev. –Nous nous sommes heurtés principalement au problème de l’arrêt des bus depuis Tarnovo jusqu’à Michemorkov Han, le dernier hameau de la commune. Mais les transports ont été rétablis et le car passe deux fois par semaine par notre village. Je n’ai pas non plus constaté de la panique parmi les gens au cours des mois de confinement…Sinon notre vie est en principe difficile. Comme la plupart des femmes de la région, Tsana Tsviatkova du village Goranovtsi s’est toute sa vie occupée d’agriculture et d’élevage d’animaux domestiques. D’après moi, très peu de gens se seraient décidés de vivre comme elle. Sa maison se trouve au point le plus élevé du village. Il n’y a personne autour d’elle. Tsana compte principalement sur ses propres efforts. Elle reçoit aussi des aides de la Croix Rouge Bulgare et des services sociaux. Malgré les difficultés qu’elle rencontre, elle ne souhaite guère aller vivre ailleurs. 

La nature dans cette partie du pays est remarquable, ajoute le maire du village désertifié Petyo Koev. A ses dires, en cette saison tout fleurit et il y a beaucoup de verdure. Malheureusement il n’y a pas dans notre région des conditions appropriées pour faire du tourisme. Seuls les chalets « Gramadliva » et « Himik » attirent ceux qui aiment la nature. 

Photos : archives