Le 1er novembre marque une des fêtes les plus radieuses dans le calendrier bulgare – la Journée des Lumières et des guides spirituels du peuple bulgare. En ce jour, nous rendons un vibrant hommage aux promoteurs et aux gardiens de l’esprit national, de l’instruction et de la culture au Moyen-âge et pendant les cinq siècles de domination ottomane, pendant les années de la Renaissance nationale et des luttes de libération nationale.

Après la Libération de la Bulgarie du joug ottoman en 1878, les saints bulgares et les esprits éclairés de la Renaissance bulgare étaient célébrés individuellement dans leur ville natale. C’est en 1909 qu’à Plovdiv est rendu un hommage collectif à l’ensemble des guides spirituels de notre peuple. La cérémonie est organisée brillamment par les habitants de la ville.

Aujourd’hui, près d’un siècle après la proclamation de cette date, ils sont nombreux ceux qui se posent la question de savoir si notre société, souvent brutale et sans scrupules, engendre encore des esprits éclairés dont les élans vont au-delà du matérialisme mesquin et de la petitesse des rapports humains ?

Depuis 7 ans, la Radio nationale bulgare est en quête de personnes méritantes qui ont une mission noble dans la vie, les apparentant aux Lumières du passé…

Selon Milen Vrabevski, le premier détenteur du Prix « Lumière de l’année » et président du jury, les esprits éclairés de notre époque sont des êtres modestes, qui se glissent dans la vie avec leur désir de bien faire, sans être reconnus, ni récompensés, mais qui apportent à notre existence une valeur ajoutée que nul ne peut nier :

“La marque des Lumières, c’est tout ce qui fait avancer notre société, essentiellement numérique au 21^e siècle, dit Milen Vrabevski qui est le président de la Fondation « Mémoire bulgare ». Notre mission consiste à rehausser le niveau de vie et à aider les gens à s’affranchir du sentiment de peur et insécurité, pour permettre à leurs multiples talents de déployer leurs ailes. J’ai confiance dans le transfert d’énergie, bienveillant et efficace. Ainsi seulement nous remplirons notre mission divine sur Terre entrainant au passage nos semblables qui eux-aussi verraient la vie autrement.”

Le père Séraphin Yanev, archiprêtre à la tête d’une dizaine d’églises, participe activement à l’ouverture de centres sociaux dont celui, dédié à Saint Georges au monastère de Krémikovtsi qui chaque année ouvre ses portes aux enfants. Son œuvre hautement humanitaire en a fait un des nommés du prix « Lumière de l’année 2020 » :

“Notre première et plus grande Lumière, c’est Saint Jean de Rila, le patron céleste de la Bulgarie, qui n’a semé que du bien de son vivant et qui est l’incarnation de Dieu même. En donnant l’exemple, les esprits éclairés de notre temps peuvent nous aider à trouver notre voie spirituelle, à découvrir le sens de notre existence. ”

Le critique littéraire Marin Bodakov est d’avis que la mission des Lumières de notre époqueest simple – essayer de rendre le monde plus complexe, pour éviter qu’il se réduisent aux deux pôles contraires, le noir et le blanc, sans aucune nuance ni subtilité…

“Nous devons rester vigilants et éveillés à la vérité, surtout en ce moment lorsque je sens qu’on se fie beaucoup plus aisément aux interprétations qu’aux faits, on pense à préserver le pouvoir coûte que coûte plutôt que de développer des rapports fondés sur la justice et la vérité. ”

Connue comme la “comtesse de la céramique exquise”, Tsvétana Vidéva fabrique depuis des années des objets d’après une technologie vielle de 6000 ans. Elle réunit souvent dans des ateliers improvisés des jeunes gens dans la Vieille ville de Plovdiv pour leur transmettre sa foi dans la beauté.

“Je leur mets de la bonne musique, j’évoque les noms de grands compositeurs et musiciens de tous les temps, en espérant que ce récit suscitera leur intérêt. J’aimerais que les jeunes d’aujourd’hui aient une plus grande densité spirituelle et qu’ils respectent la Beauté. Voilà ma mission, aider les gens.”

Un autre nommé, Victor Ivanov s’est fixé une mission éducative qui consiste à parcourir plus de 10 000 km pour offrir à des bibliothèques, églises, monastères et entrepreneurs des exemplaires de trois livres contemporains bulgares, « Ascension » de Milen Rouskov, « « Kalounia-Kalia » de Guéorgui Bojilov et la « Courbe du bonheur » d’Ivo Ivanov.

”Nous avons besoin d’une nouvelle Renaissance et d’un nouveau Siècle des Lumières, si nous voulons aller de l’avant en tant que nation et mettre un terme à tout ce qui nous divise actuellement. Mon idéal, c’est que les Bulgares soient plus solidaires entre eux, plus soudés, plus compréhensifs quand il relève de leur avenir, ici et non pas à l’étranger.”