C’est un village qui se trouve au Nord-Est de la Bulgarie, à 10 km au Sud de la ville de Provadia. Son nom est Komarévo /"le village des moustiques"/ et il est fier de son histoire séculaire. Ses infrastructures routières sont en bon état et il est facile d’accès sur la route reliant Provadia et Aytos. La mairie et la poste se partagent le même bâtiment. Son maire actuel, Dimo Todorov veille à ses administers depuis 10 ans:

Nous l’avons rencontré:

"Au début, je voulais faire de gros changements au village, mais je me suis heurté à une certaine indifference de la part des riverains qui étaient attachés à leur vie et leurs habitudes. Ils étaient très peu actifs, à peine une dizaine d’habitants sur 400 venaient aux reunions du conseil municipal. Et comme je ne suis plus tout à fait jeune, la retraite est pour bientôt, je fais ce que je peux, tant que les gens ne s’y opposent pas."

Dimo Todorov est enseignant de formation. Malheureusement, l’école du village doit fermer en 2008 faute d’élèves et il vit très mal ce changement:

"Les jeunes ont quitté le village et sont partis tenter leur chance dans les grandes villes. Aujourd’hui, à Komarévo, il n’y a que des vieux. Il fut un temps où chaque maison avait son vignoble, des brebis, des poules et des vaches, mais suite à la peste africaine, l’élevage a été interdit. Nous n’avons plus que deux épiceries. Depuis le début de la pandémie du Covid-19, les gens restent confinés chez eux et sortent très peu. Le budget annuel de la mairie n’est que de 750 euros. Juste de quoi changer les ampoules ou faire quelques petits travaux..."

Le village a une histoire ancienne. Il existait bien avant l’invasion des Ottomans au XIVe siècle, un hameau de 15-20 maisons au coeur d’une grande forêt de conifères. Un memorial est érigé en face de la mairie rendant homage aux 50 soldats morts dans les guerres entre 1912 et 1918.

Komarévo est aussi connu pour son église “Saint Anatsas”, dont l’architecture est typique de l’époque ottomane. Elle est reconstruite en 1870. 

"Nous avons décidé de la rénover entièrement, car ses murs étaient sur le point de s’effondrer. Comme l’argent ne suffit pas, nous n’avons pas pu terminer les peintures à l’intérieur, mais les icônes sont accrochées aux murs et chacun peut venir brûler un cierge et se reccueillir. La cloche est actionnée de l’extérieur avec une corde que les fidèles remplacent régulièrement."

En 1923, un espace culture est ouvert à Komarévo, dédié à Paissii de Hilendar, dont le nom est associé à la Renaissance bulgare et à son oeuvre magistrale l’Histoire des Slaves bulgares. Le bâtiment comprend une bibliothèque et une salle d’exposition avec des mannequis vêtus de tenues traditionnelles.

Vénéta Ivanova tient depuis 18 ans une des deux épiceries du village:  

„Heureusement que je ne paye pas de loyer. C’est difficile de faire tourner le magasin, je vends surtout du pain, du lait, les clients se contentent du strict necessaire. Le village est détaché du monde, pas de bus pour rejoinder la ville. Pour se faire soigner, il faut faire 70 km jusqu’à Varna. Je ne suis pas optimiste pour l’avenir.”

En effet, l’avenir ne s’annonce pas sous de bons auspices pour Komarévo, même s’il est place dans un écrin de verdure. 70 de ses maisons sont abandonnées et en ruine. Quant aux jeunes, rien ne les retient et ils font vite leurs valises pour aller tenter leur chance ailleurs…

Alexandre Yordanov, RNB Varna