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La situation en Ukraine : poudrière ou propagande ?

Photo: Pixabay

De nombreux pays, dont la Bulgarie, ont exhorté leurs ressortissants à quitter l’Ukraine. Les prix des hydrocarbures et du blé grimpent aussi vite que l’escalade politique générée par les craintes d’une éventuelle invasion russe en Ukraine.

« Les dangers pour l’Ukraine augmentent visiblement. La frontière est parfois très ténue entre propagande et décisions difficiles à prendre, et les étincelles peuvent facilement mettre le feu aux poudres », dit pour la RNB Ivaylo Kalfin, directeur de l’Agence européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, ancien vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères et de la Politique sociale et ancien eurodéputé. « D’un point de vue pratique, personne ne s’attend à une guerre à grande échelle sur tout le territoire de l’Ukraine, du moins à ce stade. »


Selon Kalfin nous sommes actuellement témoins d’une « prise de positions ». Il rappelle que le conflit ukrainien n’est pas nouveau, mais qu’il entre à présent dans une phase « chaude ».


« Le conflit est dû au fait que la Russie réagit depuis des décennies de façon très dure à l’élargissement de l’OTAN vers ses frontières. Beaucoup de gens pensent à 2008, lorsque l’OTAN a laissé entendre que l’Ukraine et la Géorgie pourraient en devenir membres et ce qui s’est ensuivi avec la guerre en Géorgie ou dans l’Est de l’Ukraine. De plus, à présent la Russie se sent forte aussi économiquement avec les revenus considérables de la vente de pétrole et de gaz naturel. Dans la mesure où Gazprom a réduit ses livraisons de gaz pour l’Europe, cela contribue également à cette tension ; la Russie veut démontrer son importance à l’Europe. Sauf que le marché européen est bien plus important pour la Russie que les livraisons de gaz russe ne le sont pour l’Europe. Le message de la Russie est « n’élargissez pas l’OTAN jusqu’à nos frontières » et celui des USA et leurs partenaires est « si vous osez faire quelque chose dans l’Est de l’Ukraine, l’OTAN viendra certainement jusqu’à vos frontières avec toutes ses armes ».


Kalfin ajoute que l’UE participe très activement au dialogue avec la Russie par le biais de l’OTAN.

La tension en Ukraine suscite de l’inquiétude en Europe, informe la correspondante de la RNB à Bruxelles Anguélina Piskova. Elle cite Guy Verhofstadt, membre du conseil exécutif de la présidence de la Conférence pour l’avenir de l’Europe dont le quatrième panel, consacré au rôle de l’UE sur la scène mondiale, vient de se terminer à Maastricht. « L’enjeu est la paix ou la guerre sur le continent européen. Cela fait plus de 7 décennies qu’il n’y a pas eu de guerre en Europe. Je pense que nous devons faire tout notre possible pour l’éviter. Tout effort en ce sens est utile et nécessaire », dit Verhofstadt.

Les participants bulgares sont plus divisés dans leurs opinions, mais s’accordent à dire que l’UE n’est pas efficace sur ce dossier.

« J’espère beaucoup qu’il n’y aura pas de guerre, parce que je ne sais pas à qui elle pourrait profiter. J’ai récemment vu une interview avec des Ukrainiens qui ne semblent pas ressentir le problème tel qu’il est exposé dans l’espace public d’autres pays », note Dessislava Siméonova, qui travaille dans une compagnie d’études cliniques. « Maintenant que la crise du Covid perd de l’ampleur, l’Ukraine est le prochain sujet terrifiant. En tout cas, je ne pense pas du tout que l’UE soit efficace dans cette situation. Le hic, c’est que les USA se mêlent trop de tout et partout. »

La technicienne en bâtiment Galya Zahariéva est plus pessimiste :

« Je crains qu’il y aura peut-être une guerre. Le problème doit être résolu pacifiquement ! S’il y a une guerre, elle sera fratricide. Il y a plein de Russes en Ukraine et d’Ukrainiens en Russie. C’est un peu comme chez nous dans les Balkans. »


La crise ukrainienne impacte directement la sécurité nationale de la Bulgarie, a récemment déclaré la ministre des Affaires étrangères Théodora Guentchovska dans une interview pour Radio Bulgarie.

Eléna Karkalanova, sur des interviews de Lora Tarkoléva, RNB-« Horizon » et Anguélina Piskova, correspondante de la RNB à Bruxelles

Version française : Christo Popov

Photos : EPA/BGNES


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