« Il y a un problème de communication avec les autorités. Nous n’en connaissons pas la raison, mais c’est très préoccupant ». C’est ainsi que l’Association des aviculteurs de Bulgarie résume les problèmes accumulés au fil des ans et c’est justement à cause du manque de dialogue qu’elle se voit contrainte de faire connaître leurs revendications par des actions de protestations avant les fêtes de Pâques (qui tombe le 24 avril en Bulgarie cette année). Les aviculteurs sont au pied du mur à cause de la hausse record des prix des fourrages qui pourrait sonner le glas des élevages avicoles. Il faut y ajouter les conséquences de la pandémie de coronavirus sur le secteur : plus de 40 millions d’euros de pertes l’an dernier. Les aviculteurs craignent que leurs pertes ne soient encore plus importantes cette année avec la guerre en Ukraine.

« Le secteur aurait dû recevoir au moins 20 millions d’euros d’aides et être inclus dans les mesures de lutte anti-Covid, mais rien n’a été décidé jusqu’à présent et nos demandes ne sont pas prises en considération. Nous sommes désormais pessimistes que l’Etat entreprendra quoi que soit », dit sur RNB-Blagoevgrad le président de l’Association des aviculteurs industriels Daniel Bojankov, soulignant que leur prix de vente est inférieur au coût de production.

« Depuis le début de 2020 nous ne recevons pas d’aides du tout, sur aucune mesure anti-Covid. Notre secteur est le plus gros consommateur de blé, de maïs, de tournesol. Mais nos prix comme producteurs augmentent très lentement, alors que les prix des fourrages, eux, battent des records. J’espère que les prix des producteurs grimperont de 30 à 40% pour que nous puissions survivre dans cette crise », dit Bojankov.

Cela fait maintenant près d’un an que les aviculteurs ne voient pas de bonne volonté de la part de l’Etat. Ils pensaient être enfin parvenus à obtenir un accord avec leur ministre de tutelle pour une revalorisation du budget, mais le ministère des Finances avait le dernier mot et a refusé de les recevoir avec l’argument que son quota de rendez-vous avec le secteur agricole était épuisé.

« Je pense que nous avons suffisamment fait preuve de patience et cette attitude à notre égard est inadmissible », déclare Daniel Bojankov. Selon lui et ses collègues il y a un déséquilibre dans les aides agricoles depuis plus de 10 ans au profit des céréaliers.

« Les éleveurs de porcs ont des problèmes similaires, voilà pourquoi nous devons tous nous unir entre éleveurs autour d’une nouvelle stratégie dans notre secteur sur 10 ans et plus et la défendre sans faillir quel que soit le parti au pouvoir ou le ministre de tutelle », pense Bojankov.

C’est précisément à cause du désintérêt de l’Etat à leur égard que les aviculteurs et les éleveurs de porcs se préparent à des mobilisations communes.

« La mobilisation commencera à Sofia et nous sommes prêts à protester sur le long terme. S’il le faut, nous bloquerons des routes ou même une frontière nationale », préviennent les représentants de l’Association des aviculteurs industriels.

Edition : Guergana Mantchéva

Version française : Christo Popov