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L’aide militaire à l’Ukraine, la pomme de discorde de la politique bulgare…

Un nouveau conseil de la coalition au pouvoir doit décider ce 3 mai de l’envoi d’une aide militaire à l’Ukraine, avant que la proposition soit soumise au vote à l’Assemblée nationale le 4 mai. Pour l’heure, 3 des 4 formations qui constituent le gouvernement, à savoir « Poursuivons le changement », la « Bulgarie démocratique » et « Il y a un tel peuple » sont favorables à l’envoi d’armes à Kyiv, alors que le PS a menacé de quitter la coalition si une telle décision était prise. Transposé à l’Assemblée nationale, tout porte à croire que la majorité des forces parlementaires donnera son accord à l’aide militaire, à l’exception des socialistes et du petit groupe nationaliste du parti « Renaissance ».

Toujours est-il que le sujet fait polémique et divise la société bulgare, très solidaire au demeurant avec les réfugiés ukrainiens dont plus de 100 000 se trouvent sur le territoire du pays. Dans le même temps, d’aucuns ne cachent pas leur crainte de voir la Bulgarie entraînée dans le conflit militaire en cas d’accord sur une aide à l’Ukraine. A preuve, les manifestations quasi-quotidiennes des deux clans opposés.

Le président Roumen Radev a de son côté averti du risque réel d’une escalade des hostilités au point de provoquer une troisième guerre mondiale. „Il existe des politiques qui sont prêts à faire ce pas dangereux et mettre en jeu l'avenir de la Bulgarie pour satisfaire leurs propres intérêts“, a déclaré le chef de l’Etat.

"J’espère qu’on ne verra pas le président faire son apparition lors d’une des manifestations en faveur de la neutralité bulgare, car en sa qualité de commandant en chef des Armées, le président doit avoir un comportement adéquat, c’est à dire penser au pays et à sa défense. Sa réaction que vous évoquez me rend perplexe, surtout en ce moment où les institutions doivent être pleinement mobilisées et unies, former un bloc et agir en conséquence“. Tel est l’avis d’Arman Babikian, un des leaders du mouvement de mobilisation sociale au cours de l’été de 2020. Babikian invoque les résultats des sondages d’opinion qui montrent qu’une partie de l’élite politique bulgare semble se désolidariser du débat politique du jour…

„Alors que la situation devrait être tout le contraire… Nous vivons un moment critique, et les politiques doivent être pleinement conscients de leur position et des valeurs qu’ils défendent, pour guider le peuple dans la tempête“, est catégorique Babikian. „La guerre est toujours un moment critique, on arrive souvent à des situations extrêmes quand il faut aller au-delà de ses convictions. J’espérais sincèrement que le monde moderne de notre 21e siècle nous aurait déjà dressé devant le choix de civilisation normal entre le Bien et le Mal, entre les notions d’agresseur et d’agressé, entre les théories réactionnaires et les relations civilisées normales. Visiblement, j’ai tout faux ".

"La guerre en Ukraine est une guerre entre la Russie et l’OTAN", et c’est une évidence au 3e mois du début des opérations militaires. Tel est l’avis de Valentin Vatsev, expert en politique étrangère. A ses dires, la classe politique bulgare est en parfait accord avec elle-même et avec les principes euro-atlantiques.

La situation compliquée dans laquelle se trouve le gouvernement bulgare incite certains analystes à dire qu’il n’a plus aucune perspective. “Cette coalition a été formée pour réunir et non pas pour exercer une politique”, estime Andrey Raytchev. Et la décision de l’aide militaire à l’Ukraine n’est qu’un des obstacles qui se dressent devant le gouvernement de Kiril Petkov. Il y a la guerre, mais aussi une décision à prendre sur la Macédoine du Nord. Sans parler de la montagne de problèmes économiques, découlant de l’inflation galopante et de la coupure du robinet du gaz russe.

"Les industriels et le business bulgares ne pardonneront jamais au gouvernement le “coup du gaz” dont l’économie nationale aura du mal à s’en remettre. Lorsque le business est détruit avec des attaques au gaz, ne vous étonnez pas qu’il vous déteste”, a ajouté Vatsev.

Quant à savoir si malgré son ultimatum, le Parti socialiste continuera à faire partie du gouvernement, le politologue Stoytcho Stoychev de l’Université de Sofia envisage plusieurs scénarios possibles :

„Tout est possible, y compris en jouant sur les mots et en refilant la "patate chaude" à l’autorité collective qu’est l’Assemblée nationale, qui trouve une formule pour modérer les déclarations de Kornélia Ninova. Bref, il ne faut pas s’étonner des retournements de situation, même quand une position paraît radicale et définitive. Je pense toutefois que de nouvelles élections législatives anticipées sont à exclure en Bulgarie. Personne n’a intérêt à renverser le gouvernement.

Edition : Eléna Karkalanova



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