Le 11 mai, l’Eglise orthodoxe bulgare commémore les deux saints frères Cyrille et Méthode, inventeurs de l’alphabet slave, inscrits depuis longtemps au panthéon de la civilisation humaine, copatrons et protecteurs de l’Europe dont l’effigie figure sur les fresques et icônes bulgares, alors qu’un grand nombre d’églises et d’écoles portent avec fierté leurs noms. Ils sont nés pendant la première moitié du 9e siècle à Salonique au sein d’une famille de notables qui leur assurent une éducation et des études brillantes. Cyrille termine l’Université de Constantinople, appelée encore École de Magnaura, la plus prestigieuse de Byzance. Ses talents ne tardent pas à être remarqués et il est nommé bibliothécaire en chef à la Bibliothèque patriarcale de Constantinople, avant de devenir enseignant.
Quant à Méthode, en 851, il renonce à son poste prestigieux et endosse la soutane au monastère « Saint Polychrone » d’Asie mineure. Et c’est à cette époque que tous les deux avec son frère, Cyrille, ils entreprennent la même tâche – l’évangélisation des pays slaves, en inventant l’alphabet glagolitique et en transcrivant tous les livres saints en slavon. Jusqu’à cette époque, seule la langue grecque était reconnue et utilisée par l’église, tandis qu’en Grande Moravie où ils vont professer le christianisme en slavon, on ne pratiquait que la langue latine. D’où leur mérite d’avoir défendu le droit de chaque peuple de développer dans sa langue natale sa culture, religieuse ou laïque. »
Les saints frères Cyrille et Méthode comptent parmi les saints les plus vénérés par l’Église orthodoxe bulgare. L’Église considère qu’ils sont égaux aux apôtres. Elle apprécie énormément leur contribution à la propagation de la foi chrétienne. Ils ont vécu au IXe siècle, mais leur œuvre, la création de l’alphabet et la traduction des livres de la Bible est quelque chose qui a transcendé les siècles. C’est surtout grâce à eux qu’on peut dire qu’on est bulgare et orthodoxe. Après la création de l’alphabet et la traduction de la Bible, la Bulgarie connaît son âge d’or. C’est grâce à eux que saint Clément d’Ohrid instruit 3 500 disciples à Ohrid, alors le saint patriarche Euthyme mène sa grande réforme, au XIVe siècle. Le fait que l’on ait pu conserver notre identité sous le joug ottoman et obtenir l’indépendance de l’Église, est dû aux saints Cyrille et Méthode, à leur mission. Leur activité est marquée du signe de la foi, de la sainte orthodoxie. Leur œuvre n’est pas simplement culturel, elle est missionnaire. Ils ont ouvert les yeux des peuples slaves à l’enseignement de Jésus-Christ. »
Selon les chroniqueurs, de passage à Venise, Cyrille est pris à partie par des gens qui prétendaient que Dieu ne peut être loué qu'en hébreu, en grec ou en latin. Il leur rétorque que depuis longtemps les Arméniens, les Éthiopiens, les Égyptiens, les Persans, les Syriens et bien d'autres encore emploient leur langue nationale tant pour la liturgie que pour la traduction des livres saints. Cyrille est emporté par une grave maladie en 869 et sa dépouille repose en la basilique « Saint Clément » à Rome. Quant à Méthode, il meurt à Véléhrad en Moravie en 885. Ses disciples les plus dévoués et talentueux arrivent en Bulgarie où ils sont accueillis à bras ouverts par le prince bulgare Boris Ier. Deux grands centres littéraires voient le jour à Preslav et Ohrid et l’œuvre de Méthode permet d'essaimer la liturgie et le nouvel alphabet dans le pays, mais aussi auprès de nos voisins serves, russes et roumains. De nos jours l'alphabet cyrillique, en hommage au génie des deux frères, est utilisé par plus de 250 millions de personnes réparties entre le groupe oriental (russe et ukrainien) et le groupe méridional (bulgare et serbe).
Le 2 juin 1985, le pape Jean-Paul II proclame Cyrille et Méthode co-patrons de l’Europe, avec saint Benoît, pour leur contribution essentielle à l’unité chrétienne, civile et culturelle du Vieux continent.
Face à une icône à l’effigie des deux saints frères, nous adressons spontanément une prière, plutôt que d’essayer de décrypter les codes et symboles du peintre.
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Edition : Ivo Ivanov
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