Les trois partis de l’opposition parlementaire (GERB, le Mouvement pour les droits et libertés et « Renaissance »), plus « Il y a un tel peuple » qui a quitté la coalition au pouvoir, ont obtenu avec 125 voix la destitution du président de l’Assemblée nationale Nikola Mintchev : un présage de ce qui va arriver la semaine prochaine lorsqu’ sera votée en salle plénière.
Les événements à l’Assemblée nationale ont provoqué une réaction sociale rapide et des centaines de personnes se sont réunies le 16 juin devant le parlement en soutien à Nikola Mintchev. La mobilisation a été organisée dans Facebook sous l’intitulé « La mafia a chassé Mintchev : défendons une Bulgarie européenne sans mafia » et s’est poursuivie jusqu’à minuit.
Cette réaction a ramené le souvenir de l’été 2020 quand les Bulgares sont descendus dans la rue pour réclamer un changement de gouvernement. Trois élections législatives ont suivi en 2021 pour en arriver à notre gouvernement de coalition actuel, porteur d’immenses attentes pour un changement du statu quo. Nous saurons bientôt si ce nouveau regroupement parlementaire amènera .
Selon le politologue Tontcho Kraevski dès que la coalition gouvernementale a atteint son but d’écarter les dirigeants précédents du pouvoir, de nouvelles lignes de fracture ont commencé à apparaître.
« La conjoncture sociale et internationale tout entière a changé et les dissensions passées ont cessé d’être d’actualité, remplacées par d’autres comme la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie ou la question de la levée de notre veto à l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE. Lorsque la coalition se formait, personne n’aurait pu penser que ces problèmes impacteraient si fortement la société. »
Selon Kraevski l’initiative législative de la majorité de ce gouvernement ne s’est pas exprimée de façon tangible. « Ils n’ont pas réussi à montrer dans leur initiative législative comment ils voyaient la tolérance zéro à l’égard de la corruption, à part mettre des gens honnêtes dans l’exécutif. Mais cela soulève la question de savoir qui est honnête. »
La journaliste du journal « Séga » (Maintenant) Maria Stoykova signale aussi l’inexpérience politique des dirigeants comme raison de la désintégration de la coalition.
« S’ils étaient des politiques expérimentés, cette coalition aurait peut-être tenu, parce que les querelles de ces deux dernières semaines ont révélé qu’il n’existait pas de véritable dialogue entre les partis de la coalition. Ils auraient dû faire davantage d’efforts pour avoir une coalition unie, parce que les spéculations « pourquoi les choses en sont-elles arrivées là » sont bien trop nombreuses et il est difficile de discerner la vérité. »
La guerre en Ukraine a également contribué à la conjoncture actuelle en modifiant les priorités de « Poursuivons le changement » et « Il y a un tel peuple ». La diversification énergétique de la Bulgarie est le plus grand succès du gouvernement, estime Stoykova.
« Voilà pourquoi je crains que quand ce gouvernement tombera, nous reviendrons en arrière et signerons à nouveau un contrat avec Gazprom. »
Mais le sujet de l’énergie semble avoir reculé à l’arrière-plan et c’est la politique du veto bulgare au commencement de négociations d’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE qui est mise en avant comme raison de la désintégration de la coalition dirigeante.
Reste à connaître le destin du cabinet actuel. Après la destitution de Nikola Mintchev, ce sera le vice-président du parlement issu du plus grand groupe parlementaire qui va assurer l’intérim : Miroslav Ivanov de « Poursuivons le changement ». Ce sera à lui de fixer la date des débats sur la motion de censure du gouvernement, mais ils doivent avoir lieu le 22 juin au plus tard.
Edition : Eléna Karkalanova sur une interview de Diana Yankoulova, RNB-« Horizon »
Version française : Christo Popov
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