Les pronostics sont pour un hiver extrêmement éprouvant suite à la réduction des livraisons de gaz, sans oublier l’avertissement du président russe Vladimir Poutine depuis Téhéran que les prix du pétrole allaient « s’envoler jusqu’au ciel ». La Commission européenne recommande en conséquence que les pays de l’UE mettent rapidement en place des mesures pour une baisse de 15% de leur consommation de gaz.
En Bulgarie le problème énergétique prend aussi des dimensions personnelles. La Cour constitutionnelle a statué que l’élection le 9 février du président de la Commission de régulation de l’Énergie et de l’Eau (CREE) Stanislav Todorov avait été faite en violation de la Constitution. Cela signifie de fait que l’organisme national chargé de réglementer les activités dans le domaine de l’énergie doit cesser de fonctionner.
Todorov a appelé les députés à entamer immédiatement la procédure d’élection d’un nouveau président de la CREE, mais affirme que les décisions de cette commission sur les prix de l’électricité, le chauffage et l’eau sont légales.
Cette accumulation d’événements donne l’impression d’un chaos, mais est-il seulement au niveau national ?
« Ces derniers jours nous observons une désintégration totale de la politique énergétique nationale et européenne », dit sur la RNB Slavtcho Neykov de l’Institut de gestion énergétique.
« Dans le contexte bulgare on peut parler d’une crise de fonctionnement de l’État et le verdict de la Cour constitutionnelle sur le président de la CREE en est un exemple. Je ne sais pas combien de temps il reste à la législature actuelle de l’Assemblée nationale, mais si ce parlement n’élit pas un nouveau président de la commission, elle ne pourra pas légalement fonctionner. Le prochain exécutif et le prochain parlement devront repenser l’approche envers l’organisme régulateur de l’énergie. »
Les décisions de l’UE sur les livraisons d’énergie et les sanctions contre la Russie ne contribuent pas non plus à rendre le secteur stable et prévisible. Slavtcho Neykov cite des données communiquées par le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie indiquant que les sanctions contre la Russie ont frappé beaucoup plus durement l’Europe, parce que les revenus de la Russie des exportations de gaz et de pétrole ont triplé.
« En ce qui concerne la Commission européenne, nous sommes dans une situation où l’on nous dit ce qui va se passer pour la neutralité carbone en 2050, mais on n’a pas été capable de prévoir ce qui va nous arriver cette année. Et si on applique cela à la Bulgarie, je suis sidéré pour beaucoup de raisons. Avant nous n’avions pas de gazoduc, maintenant nous n’avons pas de gaz ou alors aucune idée combien coûtera celui que nous avons. Tout cela nous met, et en premier lieu les entreprises, dans une situation très compliquée. Nous avons toutes les raisons d’être extrêmement inquiets comme citoyens et comme pays, mais l’important est que vont faire les dirigeants », déclare l’analyste de l’Institut de gestion énergétique. Il souligne également la pauvreté énergétique chez nous et la nécessité pour les politiques de donner des informations concrètes pour combien de temps nous avons du gaz et d’élaborer une feuille de route pour les actions à entreprendre à court terme. Mais dans la conjoncture politique actuelle, avec un gouvernement destitué et un parlement en fin de mandat il semble qu’il n’y ait personne dans le pays en mesure de prendre ces décisions importantes.
Edition : Eléna Karkalanova, sur des interviews de Diana Yankoulova, RNB-Horizon
Version française : Christo Popov
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