Janet a 10 frères et sœurs, et pourtant la première chose qu’elle voit le matin sont les visages des enfants abandonnés d'une autre, plus grande famille. Placée dans des orphelinats dès sa tendre enfance puis dans une famille d’accueil depuis quatre ans, elle dit ne rien vouloir d’autre “qu’être une personne heureuse”.  C’est ainsi qu’elle résume tous ses rêves.

Janet Tchavdarova est parmi la centaine de bacheliers ayant participé au bal de fin d’études dans la résidence de Boyana sous le patronage du président Roumen Radev et son épouse dans le cadre de l’initiative “Soutiens un rêve”, un programme d’accompagnement de jeunes défavorisés, issus d’établissement sociaux dans les études universitaires et la recherche d’emploi. Diplômée du Lycée national d’arts scéniques et cinématographiques, Janet poursuit son but : faire des études de design à l’Académie nationale des beaux-arts.

“Je danse, je peints, je chante,” explique-t-elle. “Quand j’habitais dans mon premier foyer, “Mariе-Louisе”, on nous emmenait prendre des cours de dessin à Plovdiv. J’y assistais chaque semaine et cela m’a beaucoup inspirée. J’ai travaillé comme chorégraphe. J’enseignais à des enfants et des adultes ce qui me confère un sentiment de délivrance. Je pratique toute sorte de danse mais j’aime le mieux le hip-hop.”

Janet s’occupe de peinture dès ses six ans. Son talent a été apprécié à Plovdiv où un concert caritatif a été tenu avec le soutien de la municipalité pour lever des dons et lui assurer des cours de peinture. Elle a même réussi à vendre tous ses tableaux lors de l’exposition qui accompagnait l’événement. Elle a pu également bénéficier du soutien de l’Académie de musique, danse et beaux-arts à Plovdiv. Une année plus tard, Janet a été la coautrice d’une installation lumineuse dans le quartier “Stolipinovo” à Plovdiv dans le cadre du festival LUMIXX.

“Je suis une personne qui prône l’abstraction,” se définit-elle. “J’aime tout. Il n’y a aucun tableau ou sculpture que je préfère aux autres. Je trouve cependant la “Ronde de nuit” de Rembrandt très singulière et c’est grâce à ce tableau que je suis motivée à avancer toujours plus. Je suis en train de réaliser une peinture sur soie dans un style japonais. Cela me prend beaucoup de temps mais j’espère un bon résultat car elle sera exposée dans une galerie à Sofia.”

Néanmoins, l’art enfermé entre quatre murs ne satisfait pas tout à fait cette peintre à l’esprit libre qui souhaite voir une de ses œuvres exposée dans un espace public. “Là où elle sera visible et appréciée. Peu importe où pourvu que ce soit à l’extérieur,” ajoute-t-elle.

Janet préfère la peinture aux illustrations graphiques à cause des couleurs. Elle estime en outre que les Bulgares ont besoin de couleurs.

“Des couleurs bigarrées car je trouve que nous sommes confinés dans un quotidien tout gris,” observe-t-elle. “Or, nous avons tous besoin d’un peu de couleur pour être plus heureux. J’espère pouvoir un jour inspirer quelqu’un avec mes tableaux. ”

Pour ce faire, Janet souhaite tourner la page en se consacrant à l’art à l’Académie des beaux-arts. Cette nouvelle page s’écrit avec un sourire.

“Ce que je voudrais représenter sur cette page vierge est une vie heureuse. Je voudrais être plus calme. J’aurais aimé être déjà admise à l’Académie, étudier, faire de nouvelles connaissances ou encore être autonome, ne compter que sur moi-même comme quelqu’un d’indépendant. Je voudrais être une personne heureuse,” répète-t-elle.

Edition : Diana Tsankova (d’après le reportage de Mira Stéphanova, RNB Horizon)

Version française : Maria Stoéva

Photos : bgmf.eu, @LUMMIXPLOVDIV, archives personelles, plovdiv.bg