Au 73e jour des élections législatives anticipées, les parlementaires n’ont pas réussi à élire le gouvernement proposé par la coalition GERB/UFD qui est la première force politique. Le gouvernement du neurochirurgien Nikolay Gabrovski a été rejeté par 125 voix "contre", celles de "Poursuivons le changement", "Renaissance", le Parti socialiste et "Bulgarie démocratique". Il a reçu le soutien de trois formations, GERB/UFD, le MDL et "Essor bulgare".
A l’ouverture de la séance parlementaire, Nikolay Gabrovski a déclaré :
"Nous endossons la responsabilité de la formation d’un gouvernement régulier, pleinement conscients que la fracture sociale doit être comblée, qu’il faut rétablir le dialogue entre les partis et trouver une issue à la crise politique qui paralyse le pays au point de l'entraîner dans une spirale d’élections anticipées."
Nikolay Gabrovski a défini les 7 priorités de son gouvernement dont l’adoption d’un paquet de mesures anti-crise, le vote de la loi de Finances 2023, la répression de la corruption, les réformes indispensables pour pouvoir bénéficier des fonds au titre du Plan de relance post-Covid, l’adhésion de la Bulgarie à l’espace Schengen et à la zone euro. "Que l’amour de la Bulgarie l’emporte", a lancé Nikolay Gabrovski.
"Ce gouvernement offre de la ressource à toutes les forces politiques et ne doit pas être rejeté à la légère", a ajouté Dessislava Atanassova, présidente du groupe parlementaire GERB/UFD.
Le président du groupe parlementaire de "Poursuivons le changement" Andrey Gurov a indiqué que le gouvernement proposé ne remplissait pas la condition sine qua non, à savoir assumer la responsabilité politique. A ses dires, la composition du gouvernement sentait la naphtaline, le déjà vu de la triple coalition, le grand objectif de GERB étant de garder la main sur ses fiefs féodaux.
Le leader du MDL, Mustafa Karadayi a qualifié de "décisive" la décision à prendre, compte tenu du contexte de la guerre en Ukraine, la crise économique et l’absence de programmes opérationnels. "Nous faisons un gros compromis, pour donner une chance au règlement des crises qui secouent le pays", a-t-il indiqué, appelant les partis à s’unir autour des grandes priorités nationales.
“La formation d’un gouvernement ne doit pas être un objectif à tout prix”, a déclaré de son côté le leader de "Renaissance" , Kostadin Kostadinov, reprochant au parlement de ne s’occuper que de ses problèmes égoïstes et de faire peur aux Bulgares en brandissant la menace de nouvelles élections.
La cheffe des socialistes Kornélia Ninova a elle aussi motivé le refus de son parti de soutenir le gouvernement GERB/UFD : "Depuis 6 ans, nous menons un combat pour changer le modèle GERB qui est celui d’un État parallèle qui ne respecte pas la séparation des pouvoirs, qui opte pour les décisions prises en coulisse, qui creuse le fossé de la pauvreté et des injustices."
"Ce gouvernement est calqué sur le modèle du gouvernement intérimaire, la distribution des rôles étant faite à un autre endroit, mais sa composition n’a pas la ressource nécessaire pour engager des réformes profondes", a indiqué de son côté le coprésident de "Bulgarie démocratique", Hristo Ivanov.
Le leader de "Essor bulgare", Stéphane Yanev a expliqué que sa formation soutiendra la candidature de Nikolay Gabrovski comme premier ministre, mais votera contre la composition du gouvernement proposé.
A l'issue de débats houleux, 228 parlementaires sur le total de 240 ont procédé au vote.
"L’idée du Bien et du Mal se sont avérées trop naïves, les gens ont misé sur le Mal, le Mal l’a emporté et les gens ont gagné", a indiqué lors d’un point presse Nikolay Gabrovski ajoutant qu’il n’était plus optimiste sur l’avenir de la Bulgarie. "Nous allons probablement basculer dans une nouvelle année d’élections, ce qui est triste", a-t-il ajouté.
Le premier mandat n’étant pas accompli, le président Roumen Radev devra remettre le deuxième à "Poursuivons le changement", qui tentera à son tour de former un gouvernement.
Photos : BGNES
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