La couverture médiatique de la récente visite du président roumain Klaus Iohannis à Sofia n’a été en rien surprenante. Comme d’habitude, la présidence roumaine a mis l’accent sur les discussions relatives à la sécurité, alors que côté bulgare on a mis en avant la coopération économique entre les deux pays. Notons que la nouvelle sur l’élévation des relations bulgaro-roumaines au niveau de partenariat stratégique n’a pas attiré d’attention particulière de la part des médias.
Que pensent du partenariat stratégique entre la Bulgarie et la Roumanie les experts bulgares en sécurité et relations internationales ?
Selon Vesséla Tchernéva du Conseil européen de politique étrangère la Bulgarie et la Roumanie continuent de cohabiter comme des îles avec peu d’interactions. Un véritable partenariat stratégique supposerait une intensification de tous les types de contacts et la construction de toutes sortes d’infrastructures, pas seulement des ponts physiques, mais aussi des ponts entre les gens, entre les organisations, dit-elle.
« Le partenariat stratégique est une étiquette qu’on peut emplir de contenu par divers mécanismes. Il y a les rencontres régulières des deux gouvernements, que la Bulgarie pratique et qui demandent une étroite coordination entre les ministres et les ministères », indique Tchernéva au micro de Radio Bulgarie. « Le deuxième type de mécanismes sont les consultations périodiques dans les préparatifs de conseils européens, sommets, etc. Ce n’est pas une pratique courante en Bulgarie, mais elle devrait selon moi exister dans un partenariat stratégique avec un autre pays membre de l’UE. Le troisième type de mécanismes ont trait au commerce, à l’infrastructure et à la sécurité et un partenariat stratégique signifierait dans ce cas une entente commune et une coordination à moyen et long terme. Je trouve donc un peu bizarre qu’on parle de partenariat stratégique maintenant, étant donné que nous n’avons ni parlement, ni gouvernement régulier, donc pas de vision sur les quatre ans à venir qui pourrait servir de base à un tel partenariat stratégique avec un pays comme la Roumanie. La visite du président roumain est bien sûr une très bonne chose, il devrait y avoir bien plus de visites mutuelles. Mais pour un partenariat stratégique il faut un pouvoir législatif et exécutif travaillant sur une vision à long terme », résume Vesséla Tchernéva.
Yordan Bojilov du Forum de sécurité de Sofia est optimiste sur l’évolution actuelle des relations bulgaro-roumaines. Une telle visite n’a pas eu lieu depuis 2016 et elle apportera certainement du changement, pense-t-il.
En quoi pourrait consister la coopération dans le domaine de la sécurité ?
« La question majeure, pas seulement pour la région et l’Europe, mais pour la paix mondiale, pour le système de sécurité mondial, est la guerre en Ukraine. Cette guerre est menée pratiquement à nos frontières », dit Yordan Bojilov. « Nous devons renforcer la coopération dans plusieurs domaines. En premier lieu accroître les capacités des forces armées bulgares et roumaines. Cela peut se faire par l’acquisition conjointe d’armements et équipements militaires, ainsi qu’un renforcement de la coopération en matière de formation avec davantage d’exercices conjoints. Nous devons aussi donner la possibilité à d’autres pays de l’OTAN de partager leur expérience en basant des unités et moyens militaires sur les territoires de la Bulgarie et la Roumanie. Cela se fait déjà, nous avons des forces armées de pays alliés en territoire bulgare et roumain. Tout cela doit résulter en une présence plus marquée de l’OTAN sur son flanc Est. L’OTAN pourra ainsi garantir la sécurité de chaque pays, comme prévu dans le Traité de Washington. »
Version française : Christo Popov
Photos : BGNESAvant que 2025 ne nous ait imposé son ordre du jour, Radio Bulgarie a contacté des journalistes et des experts pour avoir leurs avis sur les relations bilatérales de la Bulgarie avec ses voisins en 2024. La Bulgarie et la Grèce : La mise en..
La Roumanie ferme des dizaines de postes frontaliers à partir du 1 er janvier En raison de la pleine adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen, la Roumanie ferme plus de 30 postes-frontières le long de ses frontières avec la Bulgarie et la..
Le parti "Renaissance" compte initier des amendements à la loi sur les cultes religieux, comme annoncé par son service de presse. Selon le parti, les modifications assureront la défense du caractère unique de l’Église orthodoxe bulgare. Rappelons qu'à..