Le 1^er juin, la Bulgarie présentera au Parlement européen un chef d’œuvre archéologique et culturel : Perperikon, cité rupestre dont l’histoire s’étend sur l’Antiquité et le Moyen-âge.

"Il n’y aura d’ailleurs pas que Perperikon qui sera présenté à Bruxelles", a indiqué à Radio Bulgarie le prof. Nikolay Ovtcharov qui dirige les fouilles sur cette forteresse. Certes, avec une histoire de près de 7000 ans, elle sera à l’honneur dans le cadre de l’exposition qui fera découvrir au public plus de 40 photographies de sites emblématiques illustrant le passé de la partie orientale des Rhodopes, dont le sanctuaire d’Orphée, situé aux environs du village de Tatul, de même que des monuments plus tardifs datant de l’Antiquité et du Moyen-âge. L’exposition a été organisée à l’invitation d’Iskra Mihaïlova, députée du groupe "Renew Europe", dans le cadre du programme "Nouveau Bauhaus" européen. Son point d’orgue : une reconstitution haute de 4 m de Perperikon tel qu’il était dans l’Antiquité.

·  Mise au jour des vestiges d’une église datant du 5ème ou 6ème siècle près du village de Tatul

Cette exposition sur les sites archéologiques du Rhodope oriental n’est pas la première initiative de Nikolay Ovtcharov visant à promouvoir le patrimoine culturel et historique bulgare. C’est à lui qu’on doit l’idée de présenter les vestiges associés au nom d’Orphée, découverts dans les Rhodopes sous la forme d’un produit touristique partagé entre la Grèce et la Bulgarie. En effet, ce projet est mis en œuvre à l’échelle régionale par les villes qui y participent, c’est ce que l’archéologue a révélé à Radio Bulgarie.

"Il faut avouer que c’est compliqué dans les Balkans. Comme vous le savez, nous avons des différends au sujet d’Orphée avec la Grèce, qui sont en effet dépourvus de sens. Il a sa place en Grèce comme en Bulgarie. Il s’agit d’un héros thrace devenu ensuite une figure de proue de la mythologie grecque et de l’école d’Alexandrie, un personnage central de la littérature grecque. Ne nous disputons donc pas. Regardez la Macédoine du Nord. C’est cela les Balkans. J’ai du mal à imaginer prochainement une avancée au niveau des États. Toutefois, nous y arrivons grâce à des programmes conjoints avec les villes de Grèce du Nord. Nos guides ont déjà conçu des parcours qui incluent des sites situés sur le territoire de la Bulgarie et de la Grèce. Un itinéraire très prisé par les touristes part de Perperikon et fait le tour de 9 sites à Kardjali pour aboutir à Didymotique, à une trentaine de kilomètres de la frontière bulgaro-grecque. C’est une ville extraordinaire dotée de forteresses fantastiques, reléguées aux oubliettes par les Grecs eux-mêmes, même si à un moment donné elle a été la capitale de l’Empire byzantin. Nos touristes s’y rendent avec notre ami Anastassios Gouridis, archéologue et docteur en histoire."

En dépit du vague qui règne sur les finances de l’État, le prof. Ovtcharov anticipe que les fouilles se poursuivront cette saison à Perperikon avec l’appui de la ville de Kardjali.

"Afin de profiter du tourisme, il faut investir dans quelques sites pour qu’ils soient présentés selon les règles de l’art. Car la mise au jour d’une cité et sa transformation en objet du tourisme culturel ne se fait pas en une journée ou une année. Nous explorons Perperikon depuis près de 25 ans, et d’après nos calculs nous terminerons dans 3-4 ans. Grâce aux dizaines de millions investis dans la protection et la restauration de biens culturels au titre de programmes européens, dans quelques années, Perperikon pourrait devenir une des perles non seulement de la Bulgarie mais du tourisme mondial et je n’exagère pas. "

• Beglik tash, le sanctuaire de la tribu thrace des Scyrmiades

Edition : Ivo Ivanov

Version française : Maria Stoéva

Photos : perperikon.rim-kardzhali.bg, BGNES - archive