L’exposition Le patrimoine englouti fait découvrir de nombreux clichés, y compris des vues aériennes, de villages désertés qui ont servi de terrain pour la construction de barrages. A voir jusqu’à la fin de septembre dans le hall du musée de l’Institut d’ethnographie et de folkloristique auprès de l’Académie bulgare des sciences, cette exposition est le fruit de travaux de 4 ans effectués par des chercheurs dans plusieurs domaines : ethnographie, folkloristique et un géographe.
Les chercheurs ont étudié les vestiges des villages rasés, les souvenirs et les récits des personnes qui ont été contraintes à les quitter. Il s’agit d’un projet de recherche d’envergure sur quelques 70 villages qui sont restés au fond de plus de 20 barrages.
"Englouti" est à prendre au sens figuré. Certes, nous n’avons fait de la plongée en scaphandre pour rechercher ce patrimoine. Nous avons plutôt essayé de déterrer des histoires personnelles, des souvenirs des villages submergés sous l’eau des barrages. Mes découvertes sont associées aux processus que nous avons observés. Nous nous sommes attendus par exemple à ce que l’on ait agi suivant une procédure pour décider de l’emplacement, avertir les populations, les indemniser, les faire déménager, déblayer le terrain, emboiser les rives et enfin construire le mur et remplir le barrage. Cependant, ce n’était pas toujours comme ça. Ce déménagement forcé et sans planification a donné naissance à des légendes populaires. Très souvent les bâtiments publics n’étaient pas démolis et l’on racontait des histoires sur des trésors qui y étaient cachés ou bien des silures anthropophages qui y habitaient. La majorité de ces barrages font partie des projets les plus ambitieux du génie hydraulique bulgare. De nouvelles couches de sol ne cessent d’être ajoutés au fond qui a beaucoup changé au fil du temps. Il est donc impensable que ce "patrimoine englouti" se soit maintenu intact sous l’eau. Les photos d’anciens cimetières émergeant de l’eau montrent les vestiges le mieux conservés. Ils témoignent du processus de déblayage du sol qui allait devenir le fond du barrage. A certains endroits, les cimetières étaient déplacés, d’autres fois on les laissait sur place. Des pierres tombales ont émergé aux alentours des barrages de Kardjali, Yovkovtsi, Ogosta, Jrebtchévo, etc.
Travailler sur "Le patrimoine englouti" rappelle les aventures d’Indiana Jones. "C’est une exploration et nous autres, ethnologues, nous avons fait un travail d’archéologie", indique Lina Guergova.
Le hall du Musée d’ethnographie ne sera pas la dernière destination de l’exposition "Le patrimoine englouti". A l’automne elle sera en déplacement chez les personnes originaires des villages submergés. Pour les chercheurs de l’Académie bulgare des sciences d’autre part, elle sera le point de départ d’un autre projet sur le destin des villages dépeuplés, cette fois-ci en vertu des vicissitudes les plus récentes du temps.
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Version française : Maria Stoéva
Photos : iefem.bas.bg
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