A l’appel des deux grands syndicats, la CT "Podkrépa" et la Confédération des syndicats indépendants de Bulgarie /CSIB/, mineurs et énergéticiens organisent ce mardi une manifestation nationale contre la fermeture prématurée des centrales à charbon en Bulgarie. Dans le même temps, les producteurs agricoles bulgares protestent depuis quelques jours contre la levee de l’interdiction des importations de produits agricoles en provenance d’Ukraine. Ils ont même donné un ultimatum aux autorités, promettant de bloquer le centre-ville de Sofia si leurs revendications ne sont pas satisfaites ce 19 septembre à 15H00…

Rappelons que la décision de l’Assemblée nationale d’autoriser à nouveau l’importation de blé, maïs, tournesol et colza d’Ukraine a suscité la colère des 26 associations de céréaliers qui ont décidé de passer à la vitesse supérieure en installant des barrages routiers dans tout le pays. Leurs principales revendications portent sur le maintien de l’interdiction d’importer qui s’étend aussi au lait en poudre, aux fruits et légumes, à la viande et au miel. Ils demandent aussi à toucher des indemnités supplémentaires pour le manque à gagner dû à la guerre en Ukraine et à voir renforcés les contrôles sanitaires sur les produits importés.

Guéorgui Milev, vice-président de l’Association nationale des céréaliers a confirmé à la RNB qu’ils avaient reçu des menaces des forces de l’ordre, dans une tentative d’arrêter la mobilisation et la présence des engins agricoles lourds sur les routes nationales.

„Cette situation, c’est du déjà-vu, ce n’est pas pour la première fois que nous subissons la pression de la police. Il semble même que des agriculteurs aient reçu des avis d'inspection de leurs exploitations le jour même de la manifestation. La machine de l’Etat tourne à plein régime pour saboter notre juste cause. “

Milev a aussi reproché au premier ministre Nikolay Denkov de les avoir traités de "terroristes"…

„Ce qualificatif est totalement méprisable,  malhonnête et injuste. Aucun secteur qui a su éviter à deux reprises la catastrophe nationale à la Bulgarie ne mérite d’être traité de terroriste".

Nikolay Denkov a fait marche arrière, présentant des excuses et invitant à nouveau les agriculteurs à s’asseoir à la table des négociations. Main tendue qu’ils ont ignorée...

Ludmil Rabotov, président de l’Association nationale des céréaliers est catégorique. La mobilisation n’a rien de politique. Quant à l’image des producteurs de céréales qui "absorberaient" la plus grande partie des subventions européennes, Rabotov a tenu à rétablir la vérité :

„La vérité est que dans chaque secteur économique ou autre, il existe de grandes entreprises et des moins grandes, que nous ne pouvons pas placer sous un dénominateur commun. Nous représentons 66 000 exploitants agricoles dont 2,3, voire 5 sont des sociétés mastodontes et tout le reste des fermes familiales et des petits producteurs. Vous ne pouvez pas traiter de terroristes ces 66 000 structures agricoles tout comme vous ne pouvez pas les accuser toutes de détourner des fonds européens".  

Les céréaliers sont aussi mécontents des 32 millions d’euros supplémentaires proposés par le ministère des Finances en contrepartie,  pour aider le secteur,  après la levée de l’interdiction d’importer du grain ukrainien.

Entre-temps, sur le site du ministère de l’Agriculture, le ministre Kiril Vatev a proposé de rencontrer les représentants du Comité d’initiative de la mobilisation sociale, assurant que toutes leurs revendications ont déjà été satisfaites.

Edition : Yoan Kolev