Les troupes israéliennes ne cessent de se masser près de Gaza en attendant le début de l’offensive terrestre contre les combattants du Hamas. Une guerre effrayante et horrible, vue par les Bulgares qui l’observent en première ligne. "Israël a enterré ses morts et mène une guerre sur plusieurs fronts. Il y a une vague de manifestations dans le monde entier. On a l’impression que le conflit sort de ses confins régionaux. C’est inquiétant", c’est ce qu’a déclaré Téodora Asher en décrivant à la RNB la situation en Israël, une dizaine de jours après "l’attaque terroriste la plus importante qu’Israël ait jamais connue". Elle s’est rendue à un des points d’accès à la bande de Gaza où elle a été le témoin d’une scène surréelle :
"Je dirais que cent mille personnes étaient déjà évacuées des agglomérations aux environs de Gaza du côté israélien. Du côté de Gaza, il y en a plus de 2 millions qui fuient également. Un couloir humanitaire a été ouvert pour permettre à la population concentrée dans la ville de Gaza et le Nord de la bande de Gaza de se déplacer vers le Sud, en direction de la rivière Gaza. Du côté israélien, la population civile des territoires qui ont fait l’objet des attaques, dont deux villes, a déjà été évacuée. C’est une zone militaire à présent, déserte et abandonnée : le sol, le ciel et le calme avec des explosions à l’arrière-plan, un tableau surréel. La zone est interdite d’accès dans un périmètre de 4 km, les habitants passent la plupart du temps dans les abris antiaériens. Ce qui se passe sur le territoire d’Israël dans son intégralité est du jamais vu, tout le peuple est mobilisé comme un seul homme".
Une autre Bulgare, la graphiste Paloma Lanzmann, décrit elle-aussi la mobilisation inédite de la société civile en Israël :
"Les commerces sont vides mais ce n’est pas dû à une suspension des livraisons mais au fait que le peuple tout entier a tout acheté pour l’expédier aux soldats et à ceux qui vont rejoindre le front".
Paloma Lanzmann a élevé sa fille à Tel-Aviv et n’envisage pas de quitter le pays en guerre.
"Ma fille a grandi ici. Elle a servi dans l’armée. Nous faisons déjà partie de la vie israélienne. Mon grand amour pour la Bulgarie ne s’en trouve pas entamé et j’y vais toujours quand je le peux mais ce n’est pas le bon moment. Dans une telle situation on a tendance à être plus soudé".
Mme Lanzmann n’est pas en contact permanent avec la communauté bulgare à Tel-Aviv mais elle se renseigne auprès de l’ambassade bulgare et des sources officielles d’information car les médias n’ont pas interrompu leur activité.
"Ici le système d’accès à l’information est très bien régulé et l’on peut se renseigner partout. A ce que j’en sache, les Bulgares qui ont une double nationalité et qui sont la majorité, n’envisagent pas de retourner en Bulgarie. Ceux qui rentrent sont les touristes qui ne peuvent pas rester. Je pense qu’il y a une organisation prévue, il y a des vols disponibles, on peut acheter des billets pour différentes compagnies, l’information est publiée sur le site de l’ambassade bulgare. Honnêtement, je ne vois pas de panique. Certes, c’est choquant pour quelqu’un qui ne connaît pas cette réalité."
La tension n’a pas baissé depuis les premières attaques du Hamas sur la population civile. Paloma Lanzmann décrit la vie sous les obus :
"Nous habitons dans un appartement situé dans un des meilleurs quartiers de la ville. Bien que Tel-Aviv ne soit pas la capitale, c’est la plus grande ville où la population est concentrée majoritairement. Nous avons des pièces blindées dans nos immeubles où nous pouvons nous abriter et ne pas nous précipiter vers un abri commun comme c’est le cas pour les plus anciens bâtiments. C’est très dur et accablant d’un point de vue psychologique, nous avons dû télécharger une application mobile qui nous alerte. C’est horrible."
Cette situation est particulièrement traumatisante pour les enfants :
"C’est atroce ! A mon avis, c’est le plus grand traumatisme laissé par la guerre car ce sont des fleurs brisées qui ne pourront jamais se débarrasser de cette angoisse et cette douleur."
Edition : Eléna Karkalanova
Interviews réalisées par Diana Dontcheva (RNB Horizon)
Version française : Maria Stoeva
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