Après 18 ans de domination à Sofia, le parti GERB a cédé le pouvoir à un autre parti politique, même si la victoire s’est jouée dans un mouchoir de poche, à peine 4500 voix séparant le gagnant Vassil Terziev /PlC-BD, Sauver Sofia/ de Vanya Grigorova, soutenue par le PS. L’écart étant minime, les socialistes n’ont pas exclu la possibilité de contester le vote devant le tribunal administratif. Après avoir dépouillé 100% des bulletins de vote, la Commission électorale centrale a annoncé que Vassil Terziev était le nouveau maire de Sofia avec 175 044 votes en sa faveur.

Tout porte à croire que Vassil Terziev a misé sur ses qualités managériales lors d’une campagne pragmatique qui proposait des solutions concrètes aux problèmes longuement repoussés. Quant à la syndicaliste, Vanya Grigorova, elle a placé au centre de sa campagne les gens ordinaires, n’hésitant pas à verser dans le populisme avec des promesses de nationalisation, annulation de contrats de concession et privatisation de la propriété municipale…

A l’annonce des résultats, Vassil Terziev a été laconique :

“Je voudrais remercier tous les Sofiotes qui ont voté, ceux qui m’ont soutenu, moi et les candidats des mairies de quartier. Merci aussi aux commissions dans les bureaux de vote dont l’objectif a été de garantir la sincérité du scrutin."

L’état-major de Vanya Grigorova veut continuer d'y croire, à cause du faible écart entre les deux candidats que les socialistes pourraient décider de contester :

“ Les votes qui nous étaient destinés ont traduit l’espoir et non pas le dégoût, pour citer les propos d’un des leaders du gouvernement en place. Malgré tous les problèmes auxquels nous nous sommes heurtés pendant les élections, malgré les tentatives de dénigrement, nous gardons espoir. Il est vivant et la liberté est à portée de main…”

Vassil Terziev, homme d’affaires, investisseur dans des technologies informatiques et cofondateur de la société de logiciels "Telerik" a promis des décisions au profit de la capitale et de ses habitants, de nouveaux espaces verts et aires de jeux pour les enfants, un transport en commun rapide et efficace, la lutte contre la corruption…

Quant à Plovdiv, le résultat d’hier soir n’a fait que confirmer la victoire du candidat GERB, Kostadin Dimitrov, qui avait déjà obtenu une sérieuse avance lors du premier tour des municipales, le 29 octobre. D’après les observateurs politiques, son succès est dû au fait qu’il s’est désolidarisé du maire sortant, Zdravko Dimitrov, qui était tombé en disgrâce après les accusations de Boyko Borissov d’être à l’origine de nombreux scandales. Le leader de GERB était même allé jusqu’à demander sa démission.

“Plovdiv a besoin de s‘épanouir”, a indiqué le nouveau maire Kostadin Dimitrov à l’annonce des résultats.

“La campagne que nous avons menée était porteuse de messages positifs. Ces dernières années, Plovdiv a été confronté à de nombreux problèmes en commençant par la propreté de la ville, les problèmes de circulation…J’espère qu’on pourra désengorger le trafic et élargir les boulevards. Je voudrais aussi que Plovdiv devienne une ville plus verte, plus propre, qui organise des événements culturels où chaque administré puisse trouver sa place. Bref, que la ville soit entretenue avec soin et un sens des responsabilités.”

Un maire inamovible depuis 2013 est tombé à Varna. Il s’agit d’Ivan Portnih qui a été évincé par le candidat de PlC-BD, Blagomir Kotsev qui a promis à ses concitoyens un audit des marchés publics hérités de son prédécesseur, de nouveaux investissements dans le secteur des technologies informatiques, un réaménagement des quartiers périphériques, bref, un retour à la normalité…

Le nouveau maire de Varna est diplômé de l’Université américaine de Washington et de la City University de Londres.

“ Au fil des années, Varna s’est affirmée comme une ville libre, celle où la démocratie a une fois de plus prévalu. Sofia et Varna ont remporté les élections municipales et j’en suis très heureux.”

Les nouveaux maires ne disposeront pas d’une période de grâce de 100 jours pour prendre leurs marques. Ils devront dès demain s’atteler à la tâche et personne ne leur épargnera les critiques. La vice-ministre du Développement régional, Anguélina Bonéva a été claire :

“Une partie des maires pourront continuer à travailler comme ils l’ont fait jusqu’à présent, alors que ceux qui viennent d’arriver devront rapidement prendre connaissance des projets en cours, surtout ceux qui bénéficient de financements européens, qu’ils devront réaliser en priorité. Il s’agit surtout de projets d’infrastructures de la période de programmation 2014-2020, dont le délai de financement expire le 31 décembre prochain. Bref, les nouveaux maires disposeront de 8-9 semaines pour analyser la situation et éventuellement optimiser les échéances. Il existe des risques de perdre de l’argent dans les sphères de l’enseignement, la santé et les activités sociales. Sans oublier le Plan de relance post-Covid qui prévoit des activités concrètes dans les municipalités.”

En effet, les collectivités territoriales ont lancé un grand nombre de chantiers, prévoyant des investissements au titre du Plan de relance, comme l’a confirmé Sylvia Guéorguiéva, directrice exécutive de l’Association des municipalités de Bulgarie…

“En effet, il s’agit de projets de modernisation des infrastructures scolaires, de construction de nouvelles écoles maternelles et garderies d’enfants, une rénovation de l’éclairage public et du réseau de distribution d’eau et d’assainissement, autant de chantiers, financés par le Plan de relance qui doivent aboutir. Nous devons aussi penser à la rénovation des EHPAD et des établissements de l'assistance publique. Les contrats devront être prêts d’ici la fin de l’année pour être signés et mis en œuvre dès les premiers jours de 2024."

Crédits photos : BTA, BGNES, RNB Varna