Nos enseignants recourent de plus en plus souvent à l’Intelligence artificielle (IA) dans leur travail quotidien avec leurs élèves. Un spécialiste du sujet, Dobroslav Dimitrov de l’Association bulgare des compagnies de logiciels, forme avec ses partenaires des instituteurs du primaire, leur apprenant comment utiliser au mieux les avantages de l’IA, par exemple comment préparer leur leçon de biologie sur les abeilles de sorte à captiver les enfants de la génération TikTok qui ne font que bayer aux corneilles, parce qu’ils s’ennuient en classe. Mais les profs n’ont pas de souci à se faire que l’IA prendra le relais et qu’ils deviendront inutiles. « Je parle de ceux qui sont de vrais pédagogues, des mentors, qui savent comment éveiller l’intérêt des enfants », dit Dobroslav Dimitrov. Il est en même temps convaincu que ChatGPT va reléguer les cours particuliers aux oubliettes.

ChatGPT peut expliquer n’importe quelle leçon, sauf si c’est quelque chose d’un peu trop spécifique sur l’histoire bulgare, mais ça aussi on y vient. Parce que c’est impossible pour un prof qui fait la leçon au tableau noir de l’expliquer de la même façon à 25 enfants. Chaque enfant la comprendra à sa manière et puis certains vont devoir prendre des cours particuliers. Donc les élèves peuvent utiliser ChatGPT à des fins éducatives, mais il vaut mieux que cela se fasse intelligemment, dit Dobroslav Dimitrov.

Opinion partagée par Ludmila Borissova, enseignante à l’École secondaire « Saint Clément d’Ohrid » à Aksakovo. Son approche novatrice lui a valu d’obtenir cette année le prix de l’Association bulgare de technologies informatiques, décerné pour l’application d’innovations technologiques dans le domaine de l’éducation. Elle estime que les technologies numériques doivent être dévoilées aux enfants petit à petit et dans un environnement contrôlé.

Nous vivons à une époque où personne n’est en compétition avec l’IA, mais l’utilise comme alliée, comme assistante. Moi, je l’utilise pour préparer des exercices individuels en classe. Par exemple on apprend la table de multiplication jusqu’à cinq et je demande à ChatGPT: « Est-ce que tu peux me préparer un exercice individuel pour la multiplication jusqu’à cinq ? » et il me fait ça en un clin d’œil.

D’après Ludmila la technologie marche bien, mais le facteur humain sera toujours prépondérant. « Les tout jeunes élèves n’arrivent pas à déterminer quand est-ce qu'une information qu’ils reçoivent est véridique et quand est-ce qu'elle doit être recoupée avec au moins deux autres sources, donc il faut les guider », dit-elle en ajoutant :

La semaine dernière j’ai essayé d’utiliser ChatGPT en classe pour une séance de questions-réponses avec les enfants. Ils ont été vraiment déçus qu’il ne sache pas qui ils sont. Par exemple, quand on lui demande : « Qui est Martin ? », ChatGPT répond : « A la date de 2022 cette personne est inconnue, je ne dispose pas de données sur elle. » En revanche ils ont été bien impressionnés quand il leur a calculé la distance de la Terre à la Lune. Franchement, je m’attendais à ce qu’ils s’intéressent davantage à l’IA. Oui, ils ont apprécié ChatGPT, parce qu’il leur fournit des renseignements utiles, mais cela ne va pas plus loin. Leur réaction était du style « Mais il ne sait pas qui je suis, il ne connaît pas mes problèmes, il n’est pas comme madame l’institutrice avec qui je peux discuter pendant deux heures pourquoi je me suis disputé avec quelqu’un, ou bien quelle fille me plaît et comment je fais pour qu’elle s’intéresse à moi. » Les enfants ont besoin d’une relation émotionnelle proche. Je pense que les machines ne remplaceront jamais les humains, elles vont plutôt nous venir en aide », dit en conclusion Ludmila Borissova.

Crédit photos: Freepik.com, BTA, RNB-Horizon

Édition : Vénéta Nikolova, sur un article de Dobromir Videv de la chaîne info de la RNB (Radio Horizon)

Version française : Christo Popov