32% de la population de la Bulgarie est menacée de précarité et d’exclusion sociale, indique la statistique nationale pour 2022. Cela place la Bulgarie parmi les pays dont la population est la plus menacée de pauvreté et de tous les maux qui en découlent. Ces familles n’arrivent pas à couvrir leurs frais principaux et peuvent donc rarement financer une amélioration de leurs conditions d’habitation, indique l’ONG Habitat Bulgarie qui applique un modèle de rénovation de logements des personnes les plus pauvres dans divers quartiers et localités du pays. Le prêt individuel se monte à 600 euros pour réparer une toiture, des sanitaires, des pièces et pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Ce crédit doit être remboursé en un an, car cet argent est ensuite prêté à d’autres candidats. Ce microfinancement s’avère être un modèle durable d’aide, à la différence du modèle classique d’aides sociales qui rend les gens passifs.

« Nous travaillons à des endroits où la précarité, en termes de finances et de logements, prend des dimensions effroyables. Les gens vivent dans des conditions inacceptables au 21^e siècle et il est inadmissible que de tels quartiers et communautés existent dans un pays de l’UE », dit le directeur de Habitat Bulgarie Mintcho Bénov, ajoutant :

Ce problème, hélas, s’aggrave au fil des ans et la mission de Habitat Bulgarie est de le résoudre. Nous avons pour but d’améliorer les conditions de logement dans le pays et éliminer la précarité de logement. Ce programme existe depuis 2008 et pour cette période nous avons financé des crédits individuels pour plus de 900 millions d’euros. Notre approche marche, parce que notre retour sur investissement avec ces crédits est remarquablement élevé. Jusqu’en mars 2020, quand la pandémie a éclaté, nous avions un taux de remboursement de plus de 97%, un niveau extrêmement élevé, surtout dans le milieu problématique dans lequel nous travaillons. Depuis l’an dernier, quand nous avons redémarré ce programme, nous n’avons qu’un retard de remboursement. Les gens contractent un deuxième et un troisième crédit pour régler progressivement des problèmes plus importants, donc le programme fonctionne.

L’ONG concentre ses efforts sur les endroits où la pauvreté est extrême. Les revenus très bas des gens ne leur permettent pas d’obtenir un financement par les voies habituelles. « Voilà pourquoi l’approche là-bas doit combiner plusieurs instruments d’aide », explique Mintcho Bénov :

Outre l’accès à un financement à taux zéro, nous proposons à ces communautés trois modules de formation : de savoirs financiers, d’économie des ressources et des conseils pratiques comment construire légalement et effectuer les diverses rénovations. Nous accordons en outre tous les ans des prêts à taux zéro pour des initiatives locales proposées par les communautés. Par exemple dans des villages de la région de Botevgrad a été installé un éclairage de rues à lampes solaires, des ampoules basse consommation ont été distribuées et une nouvelle aire de jeux est en construction dans un village près de Targovichté.

Habitat Bulgarie est en partenariat avec l’État dans l’élaboration de politiques nationales, mais le travail sur le terrain indique que l’État est absent pour ce qui est du soutien aux groupes les plus démunis. Ces 30 dernières années les municipalités ne remplissent pas leurs obligations, tolèrent la construction illégale de bâtiments, la surpopulation augmente et les conditions de vie empirent, résume Mintcho Bénov.

Photos: BGNES, Habitat Bulgarie, archives personnelles

Version française : Christo Popov