Le premier ministre intérimaire Dimitar Glavtchev a présenté la composition de son cabinet qui gouvernera le pays jusqu’aux élections "2 en 1" - législatives et européennes le 9 juin. Les noms de certains ministres ont scandalisé "Poursuivons le changement – Bulgarie démocratique" qui ont quitté les consultations du président à l’annonce de la composition du gouvernement. La question se pose de savoir pourquoi nous en arrivons à nouveau à une impasse politique qui impose des élections législatives anticipées pour la sixième fois en trois ans.

Pour moi ce qui est arrivé n’est pas surprenant, dit sur la RNB la journaliste Maria Spirova qui vit à Londres. La logique des événements a commencé à se développer dès le début de l’accord de rotation des premiers ministres. Il était clair que GERB n’avait pas l’intention de jouer honnêtement, parce que c’est un parti qui veut réussir à tout prix et c’est pour cela qu’il est apprécié d’une grande partie de la société bulgare. Il est essentiel pour GERB de ne pas permettre des changements dans les structures policières et judiciaires. La rotation a éclaté pour pouvoir garder Kalin Stoyanov à la tête du ministère de l’Intérieur et ne pas modifier la loi sur le système judiciaire. Cette saga ne prendra pas fin de sitôt et ce qui est arrivé était inévitable.

Selon la psychologue politique la professeure Antoinéta Hristova la composition du gouvernement intérimaire est une gifle pour PlC-BD et leur sortie des consultations du président est un aveu de faiblesse. Elle note que la prochaine Assemblée nationale aura des tâches urgentes à remplir :

Les amendements à la Constitution sont scandaleux. C’est une trahison de l’intérêt national et social. Tout cela doit être modifié d’urgence par la prochaine législature du parlement. Cela pourrait se faire avec une participation électorale élevée et un vote sanction. Il est important de savoir s’il y aura suffisamment d’alternatives qui pourraient attirer un tel vote sanction. Le groupe d’électeurs qui ont cessé de voter et ont renoncé à GERB et PlC-BD recherchent un tel vote punitif.

Le politologue Daniel Smilov estime que le gouvernement intérimaire est un gouvernement anti-PlC-BD.

Dans les faits il est dominé par GERB et le MDL y est également représenté. Je m’attends à voir des changements dans la majorité parlementaire dans les mois qui viennent. Une nouvelle majorité se formera autour de GERB et du MDL avec des députés de « Il y a un tel peuple », « Renaissance » ou le PS.

Vue du dehors, la Bulgarie est dans une crise politique permanente, pense l’ancien vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères dans deux gouvernements Ivaylo Kalfin :

La Bulgarie perd de sa réputation de partenaire fidèle sur qui on peut compter et de pays qui prend soin de ses propres intérêts. La vérité est que la vie continue, plein de choses arrivent dans le monde dont certaines exigent une réaction des pays, alors que nous, nous nous préoccupons uniquement de nous-mêmes.

Kalfin indique certains sujets européens qui demeurent à l’arrière-plan chez nous à cause de la crise politique :

Il y a bien sûr des particularités nationales, mais la grande priorité des citoyens de l’UE reste la conjoncture internationale et la guerre en Ukraine. Un autre sujet est les actions menées pour contrôler les changements climatiques. La Bulgarie a intérêt à participer à la résolution de ces questions, car une des raisons de la mortalité élevée chez nous est la pollution atmosphérique. Les questions de la politique climatique sont quel est son prix, qui le prend en charge, est-ce qu’il existe une stratégie claire, etc.

Crédits photos: BTA, Annie Pétrova, BGNES

Édition : Yoan Kolev

Version française : Christo Popov